La plateforme d’observation des migrations en Mésopotamie a tenu une conférence de presse à Diyarbakir, évoquant le dépeuplement du Kurdistan
Conférence de presse à Diyarbakir de la plateforme d'observation des migrations de Mésopotamie

La plateforme d’observation des migrations en Mésopotamie a tenu une conférence de presse à Diyarbakir sur les mouvements migratoires vers l’Europe. L’ONG a mis en garde contre le dépeuplement du Kurdistan.

Lors d’une conférence de presse à Diyarbakir, la plateforme d’observation des migrations de Mésopotamie a souligné la croissance des mouvements migratoires du Kurdistan et de la Turquie vers l’Europe. Des représentants des partis HEDEP (Parti des Peuples pour l’Égalité et la Démocratie) et DBP (Parti des Régions démocratiques) et de l’Association des Juristes pour la Liberté (ÖHD) ont également participé à la conférence de presse jeudi.

Medya Alkan, coprésidente de la plateforme, a évoqué la longue histoire de migrations et d’exile forcé des Kurdes et ses répercussions négatives sur leur identité et leur culture. « Les mouvements migratoires ont des causes politiques et économiques, le facteur moteur étant la politique de guerre spéciale de l’État », a expliqué Mme Alkan, citant à titre d’exemple la pratique consistant à remplacer les politiciens locaux démocratiquement élus par des administrateurs de l’Etat.

Plus de 50.000 demandes d’asile en Europe en l’espace de neuf mois

Selon les données recueillies par l’ONG, rien qu’au cours des neuf premiers mois de l’année 2023, 51.415 demandes d’asile ont été déposées en Europe par des ressortissants de Turquie. Par comparaison, ce chiffre était de 9.675 en 2016. Ainsi, chaque mois, près de 6.000 ressortissants de Turquie demandent l’asile en Europe. En septembre 2023, les principaux pays d’origine des demandeurs d’asile dans l’UE (plus la Suisse et la Norvège) étaient la Syrie et la Turquie. Près de 19.800 des 108.000 demandes d’asile déposées en septembre provenaient de personnes de nationalité syrienne. Environ 11.500 demandes d’asile ont été déposées par des personnes originaires de Turquie. En septembre, la Turquie est ainsi devenu le deuxième pays d’origine des demandeurs d’asile, reléguant l’Afghanistan à la troisième place. Selon Medya Alkan, 80 pour cent des migrants en provenance de Turquie sont kurdes.

Le Kurdistan se dépeuple

Attirant l’attention sur l’augmentation inquiétante des réseaux de passeurs au Kurdistan et dans les métropoles turques, l’activiste associative a poursuivi: Ils emmènent des personnes en Europe pour 7.000 euros. Il font ce travail facilement et continuellement, ce qui prête à des questionnements. » Et d’ajouter: « Le Kurdistan se dépeuple et perd sa mémoire culturelle à cause de cette politique délibérée. Nous ne sommes pas condamnés à la migration et à l’exile. Au contraire, il est de notre devoir fondamental et humanitaire de construire notre propre économie avec notre langue, notre culture et notre identité, dans notre propre pays. »