Les restes du jeune Hakan Arslan, mort en 2016 durant le siège du centre historique de Diyarbakir par l’armée turque, n’ont été remis à sa famille que 6 ans plus tard, et qui plus est, dans un sac.
La destruction du district de Sûr, centre historique de la ville kurde de Diyarbakir, a commencé avec un couvre-feu décrété par les autorités turques en novembre 2015. Dans ce quartier riche d’une histoire de 5000 ans, dont certains monuments sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, les habitants avaient proclamé l’autonomie peu de temps auparavant. Pendant plusieurs mois, ils ont dû résister à l’intervention brutale et disproportionnée de l’armée turque. Des dizaines de milliers d’entre eux ont été dépossédés de leurs biens et déplacés. Les destructions se poursuivent aujourd’hui encore, et des dizaines de milliers de personnes ont été dépossédées et déplacées.
Hakan Arslan faisait partie des Unités de défense civile (YPS, Yekîneyên Parastina Sivîl). Il est mort à l’âge de 23 ans. Ses amis l’ont enterré dans le quartier de Hasirli, entre l’église catholique arménienne et la petite mosquée. Exactement cinq ans plus tard, lors de travaux de restauration sur le même site, des ouvriers ont découvert des ossements humains enveloppés dans un tissu. On a rapidement supposé qu’il pouvait s’agir des restes de Hakan Arslan.
Le jeune homme était originaire d’Erzurum. Peu après sa mort, ses parents avaient été informés de l’endroit où son corps avait été enterré. Après la fin du siège militaire de Sûr, la famille s’est adressée au bureau du procureur général de Diyarbakir et au ministère turc de l’Intérieur, demandant que le corps de Hakan soit exhumé pour être inhumé à nouveau dans sa province natale, selon les rites religieux. Toutes les requêtes de la famille ont cependant été vaines. Dans la plupart des cas, les autorités turques n’ont même pas pris la peine de répondre.
Après la découverte des ossements en février 2021, les parents de Hakan Arslan se sont à nouveau tournés vers les autorités locales. Ils ont fourni des échantillons d’ADN, et l’Institut de médecine légale d’Istanbul a comparé tous les profils. À partir de novembre 2021, le résultat était clair: il y avait 95 % de chances pour que la dépouille retrouvée à Sûr soit celle de Hakan Arslan. Néanmoins, la famille a dû attendre plus de neuf mois pour que le corps lui soit remis – une tactique de guerre psychologique bien rodée par l’État turc.
La semaine dernière, le bureau du procureur de Diyarbakır a enfin convoqué Ali Rıza Arslan pour lui remettre les ossements de son fils. Le père d’Arslan s’est rendu sur place jeudi, mais il a dû attendre jusqu’à lundi, avant de se voir remettre les restes de son fils dans un sac. Les restes du jeune homme doivent être inhumés à nouveau dans sa province natale, Erzurum, dans les prochains jours.