À Diyarbakir, dans le quartier historique de Sûr, des os humains ont été découverts dans le sous-sol d’un bâtiment qui servait autrefois de centre de torture au JITEM, service de renseignement de la gendarmerie turque.
Des restes humains ont été découverts lors de « travaux de restauration » sur le site de l’ancienne prison de Saraykapı, dans le centre historique de Diyarbakir, Sûr. Ce lieu tristement célèbre était utilisé dans les années 1990 par le service de renseignement de la gendarmerie turque (JITEM) comme centre d’interrogatoire, de torture et d’exécutions sommaires.
Selon les employés du chantier, la société de construction YSO aurait tenté, dans un premier temps, de faire passer les ossements pour des « restes d’animaux » et de les jeter à la poubelle. Mais plus tard, des squelettes humains entiers ont été découverts. Les os en question ont été chargés sur un engin de chantier. Cependant, on ignore où ils ont été emmenés.
Ahmet Kayar, l’un des ouvriers impliqués dans la découverte, a expliqué à l’agence de presse Mezopotamya (MA) que plusieurs os humains avaient été découverts sur le chantier depuis le mois de février : « De nouveaux os apparaissaient sans cesse. Ils voulaient que nous les jetions à la poubelle. Notre conscience ne nous le permettait pas. Nous avons refusé. Quand ils ont dit qu’il s’agissait d’os d’animaux, nous avons commencé à les jeter à la poubelle. Mais plus tard, nous sommes tombés sur deux squelettes entiers. » Indiquant que les squelettes avaient été montrés à des archéologues, Kayar a ajouté : « Les archéologues ont déclaré qu’il s’agissait de deux hommes. D’autres os ont été trouvés sous les squelettes. Lorsque nous avons demandé à qui pouvaient appartenir ces ossements, nous n’avons eu aucune réponse. »
Quartier général du JITEM
Le site était utilisé dans les années 1990 comme quartier général du JITEM. Des milliers personnes y ont été détenues au secret. Nombre d’entre elles ont disparu. En 2012 déjà, des ossements avaient été découverts lors de travaux de fouilles. Les fouilles avaient alors été étendues par le parquet général de Diyarbakir, mais aucune enquête n’avait été ouverte par la suite pour déterminer l’appartenance des ossements.
Des milliers de personnes « disparues«
Des milliers de militants politiques, de journalistes, d’avocats, d’hommes d’affaires, de villageois kurdes ont été enlevés et assassinés dans les années 80 et 90 lors de la sale guerre contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Personne ne connaît leur nombre exact, seule une partie des victimes ayant été identifiée. Leurs corps ont été enterrés dans des fosses communes, des grottes ou des sites industriels désaffectés, jetés dans des décharges, noyés dans des puits et des fosses d’acide ou largués du ciel depuis des hélicoptères militaires. La plupart des victimes ont disparu après une arrestation au domicile ou dans la rue, ou encore suite à une convocation au poste de police local.