Selon l’agence de presse Rojnews, deux kolbars ont été tués lundi dans un bombardement de l’aviation turque. Leurs corps ont ensuite été laissés sous le soleil pendant des heures.
Deux kolbars ont été tués lundi 20 septembre par un bombardement de l’armée turque dans la zone frontalière séparant la province d’Urmia, dans l’est-Kurdistan (Iran), et la ville de Van, dans le nord-Kurdistan (Turquie). Elişan Ehmedi et Sozdar Ehmedi, deux jeunes kurdes âgés respectivement de 16 et 19 ans, ont perdu la vie dans l’attaque qui a eu lieu à proximité du village de Kuranin, dans la région de Soma, à Bradost. Les sources locales font par ailleurs état de deux kolbars blessés et de huit autres arrêtés au cours de cette opération.
Les corps des deux kolbars ont été emmenés à l’Institut de médecine légale de Hakkari, après avoir été laissés sous le soleil pendant des heures, ont rapporté ces mêmes sources locales citées par Rojnews. Un kolbar nommé Ş.I., qui vit dans le village de Kurani, a livré ce témoignage : « Un kolbar qui a survécu à la frappe nous a appelés et a dit que le groupe avait été visé par un hélicoptère de l’armée turque. Après cela, nous avons perdu contact. Nous avons appris que les corps de nos amis avaient été retirés lundi soir de la zone frontalière, après avoir été maintenus sous le soleil pendant des heures. Nous ne savons pas quelle est la situation des détenus. »
Sadesh Pilifken, un résident du village de Kurani, a déclaré qu’après la mort des kolbars, la frontière avait été maintenue sous le feu de l’artillerie pendant des heures.
La tragédie des Kolbars
L’est du Kurdistan a sombré dans la pauvreté au fil des années. Les politiques délibérées du régime iranien en ont fait l’une des régions les plus pauvres d’Iran. Comparé aux autres régions, le Kurdistan iranien a connu beaucoup moins d’investissements, son développement ayant été volontairement freiné, ce qui a empêché l’agriculture et l’industrie de s’y développer. Ainsi, la région est celle qui connaît le taux de chômage le plus élevé en Iran.
Confrontés aux politiques de discrimination, d’oppression et d’appauvrissement, les habitants de la région peuvent uniquement gagner leur vie en transportant des marchandises en contrebande à travers les frontières périlleuses qui divisent le Kurdistan.
Le terme kurde Kolbar est composé des mots “kol” (dos) et “bar” (charge). Cigarettes, téléphones mobiles, vêtements, fournitures domestiques, thé,… sont les produits qu’on trouve la plupart du temps dans les chargements des kolbars. Ces biens sont vendus très chers sur les marchés de Téhéran, mais les kolbars qui risquent leur vie pour les transporter reçoivent des salaires dérisoires.
Les intermédiaires qui prennent les commandes et trouvent les acheteurs en ville sont appelés kasibkars.
Kolbars et kasibkars sont âgés de 13 à 70 ans. Certains ont seulement été à l’école primaire tandis que d’autres ont des diplômes universitaires. Dans les 5 dernières années, au moins 300 kolbars et kasibkars ont été tués de sang-froid par les garde-frontières iraniens, mais aussi turcs, dont 67 au cours de l’année 2020.