Selon HRW, des milliers de Syriens déportés à Girê Spî sous couvert de retours "volontaires", font face à des conditions inhumaines
Un poste-frontière entre le Turquie et la Syrie

Selon un rapport de HRW, des milliers de Syriens déportés à Girê Spî sous couvert de retours « volontaires », font face à des conditions inhumaines et à un manque d’accès aux besoins de base.

L’ONG Human Rights Watch (HRW) a exposé les conditions de vie inhumaines auxquelles sont confrontés les Syriens dans la zone sous occupation turque de Girê Spî (Tall Abyad), au nord de la Syrie, remettant en cause la « zone de sécurité » que la Turquie prétend mettre en place dans cette région.

Selon un rapport de HRW publié jeudi, les autorités turques ont déporté des Syriens vers cette région isolée, les exposant à des situations désastreuses. Les retours qualifiés de « volontaires » par la Turquie sont souvent contraints, a déclaré Adam Coogle, directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à HRW, soulignant les voyages périlleux que les personnes déportées doivent faire pour échapper aux conditions inhumaines de Girê Spî.

Le rapport signale une augmentation significative du nombre de Syriens déportés dans cette zone occupée du nord de la Syrie entre janvier et juin 2023, les forces turques étant accusées de forcer les Syriens à signer des formulaires de retour « volontaire » depuis 2017. Les conclusions de HRW suggèrent des divergences dans les données officielles turques sur les retours, certains postes-frontières ne faisant pas la distinction entre les rapatriés volontaires et les déportés.

Au vu des violations des droits humains et des crimes de guerre potentiels documentés dans les territoires occupés du nord de la Syrie, HRW dit examiner de près l’intention de la Turquie de transformer ces zones, y compris Girê Spî, en « zones de sécurité » Les personnes déportées interrogées par l’ONG ont relaté la coercition et la séparation d’avec leur famille, beaucoup d’entre elles n’ayant aucun lien avec Tel Abyad. Les déportations ne constituent pas seulement une violation du droit international, elles laissent également les Syriens piégés dans une région où ils n’ont pas accès à des moyens de subsistance ou à un passage sûr vers d’autres parties de la Syrie, ce qui les oblige à faire appel à des passeurs, dénonce encore l’organisation des défense des droits humains.

Un travailleur humanitaire d’Al Bir Society for Social Services à Tel Abyad a décrit la situation économique difficile et l’aide extérieure limitée dont disposent les expulsés, dont beaucoup sont contraints de survivre avec un seul repas par jour. Le manque d’aide internationale et les obligations de la Turquie en tant que puissance occupante de protéger les Syriens en vertu du droit international soulignent le besoin pressant d’une reconnaissance mondiale de la situation et d’une action pour soutenir les personnes touchées, alerte HRW.

Le rapport remet en question la notion de « zones de sécurité » dans la Syrie occupée par la Turquie, révélant une réalité de privation, de danger et de négligence internationale, et appelle à une intervention humanitaire urgente pour répondre aux besoins importants des personnes déportées.

Dans la lignée des conclusions de HRW, un rapport récent de l’ONG Syrians for Truth and Justice (STJ) a également révélé les conditions inhumaines vécues par près de 30 000 réfugiés syriens expulsés de Turquie entre janvier et août 2023. Le rapport met en évidence des cas d’abus physiques, de confiscation d’effets personnels et de personnes contraintes de signer des documents de « retour volontaire » dans les centres de détention. Il souligne également le changement démographique mis en oeuvre par la Turquie dans le nord de la Syrie, en particulier à Afrin, où les forces d’occupation tentent de remplacer la population kurde locale par des Arabes et des Turkmènes.

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