Mardi, un collectif de partis et d’organisations kurdes réuni à Diyarbakir a donné le coup d’envoi des festivités du Newroz, qui se dérouleront autour du 21 mars. La célébration du nouvel an kurde doit marquer un tournant dans le cadre du nouveau processus de dialogue initié par le leader kurde emprisonné Abdullah Öcalan.
Comme l’a annoncé mardi, au cours d’une conférence de presse à Amed (Diyarbakir), l’Alliance du Kurdistan menée par le Parti de la démocratie et de l’égalité des peuples (DEM) et sa composante locale, le Parti démocratique des régions (DBP), ainsi que par le Mouvement des femmes TJA, près de 90 manifestations auront lieu dans tout le pays à l’occasion du Newroz, nouvel An kurde, le 21 mars. Une célébration placée cette année sous le signe de la liberté et de la démocratie, en référence à l’appel lancé le 27 février par le leader kurde Abdullah Öcalan « pour la paix et la société démocratique ».
La conférence de presse s’est tenue dans le quartier de Sûr, centre historique de la ville. Le député DEM Berdan Öztürk a expliqué en introduction que la tradition du Newroz, une fête célébrée par de nombreux peuples du Moyen-Orient et du Caucase comme le début du printemps, était liée à la légende du forgeron Kawa. Le feu de Newroz symbolise ainsi la victoire de la rébellion contre le despotisme.
Les festivités de cette année sont dédiées à la lutte pour la liberté et la paix. Des décennies d’oppression et de divisions ont façonné l’identité kurde et la lutte pour l’autodétermination. « Pour réaliser une société démocratique, il faut mettre fin à l’isolement d’Öcalan, a déclaré M. Öztürk. Il faut créer les conditions d’un environnement dans lequel Öcalan puisse vivre et travailler librement afin de contribuer à la résolution de la question kurde. Sa contribution à la résolution du conflit est une nécessité politique. »
Démocratie, libération des femmes et résistance
Le député kurde a rappelé le rôle central des femmes dans la lutte pour la démocratie et l’égalité des droits. « Le mouvement «Jin, Jiyan, Azadî» (Femme, Vie, Liberté) continue de lutter contre les structures patriarcales et oppressives. La lutte pour une société égalitaire est indissociable du changement démocratique », a-t-il souligné.
Le Rojava et la lutte pour la liberté
M. Öztürk a évoqué par ailleurs la révolution au Rojava, estimant que c’était « l’expression des idéaux du Newroz ». « Pour préserver ces acquis, a-t-il ajouté, il faut renforcer la lutte pour l’autonomie et contre les menaces extérieures. La résistance d’aujourd’hui est la continuation de la lutte historique contre l’oppression, comparable à la lutte mythique de Kawa le forgeron contre le tyran Dehaq. »
Et de poursuivre: « L’unité du peuple kurde est la clé d’un avenir prospère. Les puissances centrales et les acteurs régionaux tentent de diviser le mouvement kurde par des manœuvres politiques. Mais le peuple kurde ne se soumettra plus à des structures de pouvoir imposées de l’extérieur. La voie de la libération passe par une stratégie nationale unifiée. »
L’homme politique kurde a conclu par un appel à la mobilisation: « Newroz 2025 marque un tournant dans la lutte pour la démocratie, la justice et l’unité nationale. Tous, femmes, travailleurs, jeunes et moins jeunes, sont appelés à défendre activement leurs droits et à œuvrer pour un avenir pacifique. Newroz doit devenir un moment de renouveau et de résistance collective. Newroz pîroz be ! »
La Coprésidente du DBP, Çiğdem Kılıçgün Uçar, et le Coprésident du DEM, Tuncer Bakırhan, ont ensuite allumé ensemble le premier feu de Newroz.