Maintenu en détention malgré plusieurs demandes de libération motivées par sa grave maladie, le prisonnier politique kurde Halil Günes est décédé en prison mercredi matin.
Halil Günes figurait sur la liste des prisonniers malades établie par l’Association des droits de l’homme (IHD). Maintenu en prison malgré des demandes répétées de libération, il est décédé le 15 décembre au matin, dans la prison n° 2 de Diyarbakir.
Arrêté le 2 janvier 1993, alors qu’il avait 23 ans, Günes avait été condamné à une peine de réclusion à perpétuité aggravée. En 28 ans, il avait changé 15 fois de prison. Le cinquantenaire luttait depuis plusieurs années contre un cancer du poumon et un cancer ostéoïde. Ses problèmes de santé étaient apparus après les graves tortures subies en détention. Les fractures des côtes causées par la torture entraînaient chez lui des difficultés respiratoires du fait des pressions sur le coeur et les poumons. Au fil des ans, son état de santé s’était fortement dégradé, une dégradation accélérée par la mauvaise alimentation et les rudes conditions de détention.
En 2007, des dizaines de tumeurs d’environ 1 cm avaient été détectées sur ses poumons. Puis on lui avait diagnostiqué un cancer des os suite à une opération de ses côtes cassées. Après avoir subi deux autres opérations, il avait été diagnostiqué comme souffrant d’une grave BPCO et d’apnée du sommeil en 2009. Les médecins avaient déclaré qu’il devait dormir avec un appareil respiratoire pour le reste de sa vie et qu’il devait porter un masque à oxygène pendant la journée.
L’INSTITUT MÉDICO-LÉGAL A BLOQUÉ SA LIBÉRATION
En raison des fortes doses d’analgésiques, le prisonnier politique souffrait de graves troubles du stress, d’épilepsie, de glaucome aux yeux, d’une hernie discale cervicale et de calculs rénaux. Bien que l’hôpital de formation et de recherche de Diyarbakır ait établi un rapport indiquant que sa santé n’était pas compatible avec la détention, l’institut de médecine légale a conclu en janvier 2014 que Günes pouvait survivre par ses propres moyens et rester en prison. Après que des examens pratiqués en juillet de la même année aient révélé l’aggravation de sa maladie cancéreuse, ses avocats ont déposé, en vain, un recours devant la Cour constitutionnelle (AYM), demandant sa libération conditionnelle.
La mort de Halil Günes survient au lendemain du décès d’un autre prisonnier politique, Abdülrezzak Suyur, dans la prison de Sakran, à Izmir, et moins d’une semaine après le décès de la jeune Garibe Gezer qui, détenue depuis 2016, avait été victime de torture et de violences sexuelles.