Un commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS) explique qu’elles sont attaquées de toutes parts par différentes organisations qui cherchent à les affaiblir : par Daesh, à travers ses cellules dormantes ; par les résidus de Jabhat al-Nosra devenus mercenaire de l’opération turque Bouclier de l’Euphrate ainsi par les agents du régime et de l’Iran présents dans la région.
Le 21 mars 2019, l’ensemble des régions à l’est de Deir ez-Zor était libéré des mains de Daesh et de ses mercenaires par la campagne militaire « Tempête de la Djéziré ». Deux jours après l’élimination géographique du pseudo État islamique dans le nord et l’est de la Syrie, les FDS ont annoncé une campagne de ratissage contre ses cellules dormantes.
Le processus de libération territoriale achevé, plusieurs acteurs régionaux ont tenté de créer conflits et divisions au sein de la population de la région de Deir ez-Zor. Pour parvenir à leurs fins, ils se sont appuyés sur les problèmes liés aux services publics, difficultés qui ne sont pas dissimulées par l’Administration autonome dans la mesure où la région a été libérée récemment après d’intenses combats étalés sur plusieurs années, sans parler du des destructions et du chaos laissés derrière eux par les mercenaires de Daesh.
Pour rendre compte de la réalité de Deir ez-Zor, l’agence de presse Hawar a rencontré Khalil Wahash al-Naber, commandant des Forces démocratiques syriennes, concernant les derniers développements importants dans la région de Deir ez-Zor.
Pour le commandant des FDS, Daesh est toujours présent idéologiquement dans certaines zones, tout particulièrement dans celles où l’organisation terroriste et d’autres groupes similaires étaient solidement implantés : « se débarrasser de l’idéologie de Daesh dans ces zones-là n’est pas facile. Jadid Ekedat et Al-Shehil (ndlr : localités situées sur l’Euphrate à 30 et 50 kilomètres au sud-est de Deir ez-Zor) ont servi de zones d’incubation, respectivement à Daesh et à Jahbat al-Nosra. »
Le commandant Khalil explique ces zones font partie de la région de Basira, l’une des plus grandes de la province de Deir ez-Zor, où cohabitent de nombreuses tribus. Elle se caractérise par une forte densité humaine due à la proximité de l’Euphrate. Aujourd’hui, on y trouve plusieurs cellules dormantes de Daesh.
180 attaques de Daesh en un mois
Comme le fait remarquer Khalil Wahash al-Naber, les attaques terroristes subies par les FDS sont quotidiennes. Plusieurs combattant.es y ont perdu la vie. « Les mercenaires de Daesh utilisent des motos pour conduire leurs attaques. Sur les 180 recensées le mois passé, la majorité ont échoué. Mais les terroristes de Daesh ne sont pas les seuls à nous prendre pour cible, ceux soutenus par la Turquie et le régime syrien font de même, » raconte le commandant.
Trois acteurs tentent de déstabiliser la région
Outre Daesh et ses cellules dormantes, les Forces démocratiques syriennes sont prises à partie par les mercenaires de l’opération Bouclier de l’Euphrate, à la solde de la Turquie, dont les restes de Jahbat al-Nosra constituent la principale force, et par les agents de l’Iran et du régime syrien.
Pour lutter contre ces multiples menaces, un plan d’action et de coordination a été mis en place entre les forces de sécurité intérieures, le renseignement et la Coalition internationale dans le but d’éradiquer les réseaux clandestins de Daesh.
« Nous sommes les enfants de cette région et des tribus qui y vivent. Nous avons libéré nos terres, elles ont été remises entre les mains du peuple qui en assure la gestion, » déclare Khalil Wahash al-Naber au sujet de la collaboration régionale entre les populations et les Forces démocratiques syriennes. Concernant les récentes manifestations qui ont eu lieu à Deir ez-Zor, il affirme que les revendications relatives au manque de services publics étaient légitimes. Cela dit, les acteurs mentionnés plus haut, poursuivant leurs agendas respectifs, ont tenté d’exploiter ce mécontentement populaire pour créer dissensions et confusions au sein de la région. Un des signes les plus visibles de ces ingérences qui se veulent déstabilisatrices a été l’usage de banderoles et slogans à connotation raciste au cours des manifestations.
L’occupation turque continue de recruter des terroristes de Jahbat al-Nosra
Afin de rompre l’équilibre actuel dans le nord et l’est de la Syrie, la Turquie a recruté et continue à recruter de nombreux membres de Jahbat al-Nosra, émanation d’Al-Qaeda en Syrie. Ankara espère ainsi mettre à mal la stabilité et la sécurité régionale en créant des dissensions et conflits religieux et ethniques parmi la population. « Le recrutement de nouveaux mercenaires est rendu possible par l’utilisation des axes de contrebandes qui relient les zones contrôlées par le régime à celles occupées militairement suite à l’opération Bouclier de l’Euphrate. »
Alors que la Turquie ne cesse de menacer le nord et l’est de la Syrie, l’Iran et le régime syrien ne sont pas en reste. En répandant des rumeurs malveillantes par leurs agents, ils désirent aussi créer de la confusion au sein de la société, relève le commandant des FDS Khalil Wahash al-Naber.