Des protestations éclatent suite à la tentative de l’armée irakienne d’installer une clôture autour du camp de réfugiés kurdes de Makhmour.
Face à une attaque de l’armée irakienne, les habitants du camp de Makhmour maintiennent une résistance vigoureuse. Un incident a fait un blessé parmi les résidents lorsque les forces de sécurité irakiennes ont utilisé des balles réelles pour contenir des protestations contre la mise en place d’une clôture autour du camp.
Sans préavis, une délégation du ministère irakien de l’Intérieur et de la Défense s’est rendue à Makhmour samedi matin avec l’intention d’établir une clôture autour du camp autonome. Accompagnée de personnel militaire, dont des forces spéciales et des unités de police, la délégation a débarqué avec une importante flotte de véhicules blindés pour imposer sa décision.
Cependant, les efforts visant à ériger la clôture, à déployer des unités de police et militaires irakiennes, à fermer toutes les voies d’accès sauf l’entrée principale, et à installer des barrières militaires en béton sur la route d’accès, ainsi que des tours d’observation, se sont heurtés à une forte résistance des résidents. En réponse à ces manifestations, les membres de l’armée et de la police irakiennes ont fait feu en l’air pour disperser les manifestants, blessant un des résidents.
Le Conseil populaire de Makhmour s’interroge sur les motivations réelles de cette opération soudaine de l’armée irakienne et soupçonne un plan politique plus vaste, avec Ankara à la manœuvre. La Turquie a, par le passé, qualifié le camp de « nid » pour le PKK et a régulièrement menacé de le « purger ».
Le camp de Makhmour, situé à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Hewlêr (Erbil), la capitale de la région du sud-Kurdistan (Irak), abrite plus de 12 000 personnes. La plupart d’entre elles ont été contraintes de quitter leurs villages du nord-Kurdistan (Turquie) dans les années 1990 suite à la politique répressive de la Turquie. Fondé en 1998, le camp, géré de manière autonome, est aujourd’hui la plus grande communauté de réfugiés kurdes au monde.
Dans le passé, plusieurs tentatives visant à clore le camp avec du fil barbelé ont échoué en raison de la résistance des habitants. Bien que le camp de Makhmour soit officiellement sous la protection du HCR des Nations Unies, la présence de l’ONU n’est que nominale. L’organisation a quitté le camp pendant les attaques des djihadistes de de l’État islamique (EI) en 2014 et n’est pas revenue depuis.