"On n'abandonnera pas Afrin"
Bese Hozat, Coprésidente du Conseil exécutif de l'Union des Communautés du Kurdistan (KCK).

« Afrin est une question d’honneur pour les Kurdes ; renoncer à la libération d’Afrin reviendrait à abandonner la lutte pour la liberté au Rojava et dans tout le nord-est syrien », dit Bese Hozat, Coprésidente du Conseil exécutif de l’Union des Communautés du Kurdistan (KCK). 

« Toutes celles et tous ceux qui désirent la paix, la démocratie, l’égalité et l’équité devraient défendre la Révolution au Rojava et adopter une position forte vis-à-vis de la Turquie et de ses menaces récurrentes, » affirme Bese Hozat dans une interview accordée à l’agence de presse kurde Firat News (ANF)

Un congrès concernant le sort judiciaire des membres de l’organisation Etat islamique (EI) s’est tenu à Amûde, au Rojava. Il a suscité un vif intérêt de la communauté internationale. Selon vous, où et comment devraient être jugé.es les membres de l’EI ?

« La meilleure solution serait de juger celles et ceux qui ont rejoint les rangs de l’Etat islamique là où elles/ils ont commis leurs crimes, là où la guerre a été la plus intense et là où elles/ils ont été vaincu.es. Les procès pourraient avoir lieu dans le cadre d’un tribunal international qui reste à établir. Cette question est largement discutée entre l’Administration autonome et ses partenaires régionaux et internationaux. Il est important de conduire ces échanges à leur terme sans plus attendre. Nous savons que plusieurs États européens sont d’accord avec nous, mais une fois de plus, comme dans tous les domaines affectant le Nord et l’Est de la Syrie, la Turquie joue en parallèle un rôle négatif. Elle s’oppose aux procès de militant.es de l’EI dans les zones gouvernées par l’Administration autonome car elle craint que la Révolution au Rojava et ses réalisations démocratiques n’aient un écho sur son territoire. L’Etat turc veut que le pays demeure dans les strictes limites d’un Etat-nation fasciste. Ses dirigeants pensent qu’il s’agit là du meilleur moyen pour protéger leurs sombres intérêts personnels. Le soutien et la protection de la Révolution au Rojava sont également très importants pour la démocratisation de la Turquie. Toutes celles et ceux en faveur de la démocratie devraient travailler en ce sens.

Si les membres de l’Etat islamique étaient jugé.es dans le Nord et l’Est de la Syrie, les résultats seraient importants et conséquents. Ce serait une grande contribution à la démocratie au Moyen-Orient et dans le monde entier. Cette question judiciaire doit être considérée avec attention et les efforts actuellement déployés doivent être multipliés afin d’obtenir des résultats concrets. Il est évident que toutes les forces se battant contre l’EI et tout celles et ceux qui ont été meurtri.es par ses crimes devraient soutenir ce tribunal. »

On dit souvent que l’obtention d’un statut par l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie et la mise en place de la démocratie en Syrie sont intimement liées à la libération d’Afrin. Quelles sont les responsabilités respectives des Kurdes, du régime syrien et des forces internationales à l’égard d’Afrin ?

« L’invasion d’Afrin était une attaque génocidaire et elle se poursuit toujours. En plus des massacres actuels, le changement démographique, où les Kurdes sont poussé.es dehors et mis en minorité, a transformé le visage d’Afrin. La nature et ses ressources, la culture et l’histoire ; tout est en train d’être pillé pendant que la communauté internationale regarde, silencieuse. C’est une honte pour l’humanité. Si certaines puissances souhaitent quelque peu se laver les mains de ces crimes, elles devraient changer leurs politiques syriennes. L’invasion turque doit prendre fin et les puissances internationales se doivent de jouer un rôle pour que la Turquie quitte Afrin. C’est le seul moyen de se libérer de cette honte. 

Le positionnement de la Russie en la matière est très important. L’invasion d’Afrin a était menée selon un plan international dans lequel Moscou a joué un rôle spécial. C’est l’accord entre la Russie et la Turquie qui a permis l’agression turque. Sans l’approbation russe, Afrin n’aurait pas été envahie. Il n’y a aucun.e Kurde sur terre qui ne sache pas et qui ne ressente pas cet état de fait. Dans ce sens, si la Russie souhaite renouer des liens solides avec les Kurdes, elle doit assumer sa responsabilité en participant à la libération d’Afrin et adopter une posture active dans le retrait de l’Etat turc de la ville et de sa région. De la même manière, tous ceux qui sont restés muets face à cette invasion ainsi que ceux qui l’ont acceptée doivent corriger leurs jugements initiaux et œuvrer pour que soit garanti un retrait de la Turquie et de ses gangs de mercenaires.

Il est important pour notre peuple de continuer sa lutte, sans s’arrêter. Afrin est une question d’honneur pour les Kurdes. La ville et ses environs sont la plus belle région du Rojava. Les Forces de Libération d’Afrin poursuivront leur combat jusqu’à la libération. Y renoncer reviendrait à abandonner la lutte pour la liberté au Rojava et dans tout le nord-est syrien. »

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