Le co-président du DEM Parti, Tuncer Bakırhan, et le président du CHP, Özgür Özel, ont tenu dimanche une conférence de presse conjointe à Saraçhane après les célébrations de Newroz à Istanbul, appelant à la fin des « coups d’État politiques ».
Plus tôt dans la journée, le maire de la municipalité métropolitaine d’Istanbul (IBB), Ekrem İmamoğlu, ainsi que les maires de Beylikdüzü, Murat Çalık, et de Şişli, Resul Emrah Şahan, ont été placés en détention sous des accusations de corruption et de terrorisme. Tous trois ont été suspendus de leurs fonctions, et un administrateur a été nommé à la tête de la municipalité de Şişli.
Après ces événements, une délégation du DEM Parti, dirigée par Tuncer Bakırhan, a rencontré des responsables du CHP pour exprimer sa solidarité face à ce qu’ils dénoncent comme une tentative d’étouffer la politique démocratique par des moyens judiciaires.
Özel : « Nous continuerons à lutter pour la démocratie et la paix »
S’exprimant lors de la conférence de presse, Özgür Özel a remercié le DEM Parti pour son soutien indéfectible :
« Nous remercions le DEM Parti pour cette solidarité précieuse et pour sa contribution déterminée à ce processus du début à la fin. Newroz a été célébré dans toute l’Anatolie cette semaine, dans toutes les villes. C’est un nouveau départ, un nouvel éveil, une floraison des espoirs de paix pour la nouvelle année. Nous resterons ici avec la même détermination, le même courage et la même force, aussi bien dans notre lutte pour la démocratie que dans notre combat commun pour la paix en Turquie dans la période à venir. »
Bakırhan : « Ces coups d’État politiques doivent cesser immédiatement »
De son côté, Tuncer Bakırhan a dénoncé les attaques judiciaires contre les élus locaux et a rappelé que la Turquie avait déjà connu de nombreuses tentatives similaires de répression politique :
« Nous venons d’une tradition politique qui a traversé de nombreux coups d’État. Nous savons ce qu’ils signifient, nous savons aussi que ces coups d’État finiront par être brisés par la force du peuple. Ce qui se passe aujourd’hui est une tentative de mettre à genoux la politique démocratique à travers l’instrumentalisation de la justice. »
« Il existe dans ce pays une tradition de résistance très forte, et aujourd’hui encore, cette résistance s’exprimera. Ceux qui pensent pouvoir façonner la politique par la répression judiciaire doivent en tirer des leçons. Il ne s’agit pas simplement d’une ville de Turquie, il s’agit de l’une des villes les plus importantes au monde. Le maire d’Istanbul, une ville aussi emblématique que le pays lui-même, a été arrêté et emprisonné sans aucune raison valable. Ces coups d’État politiques doivent cesser immédiatement. »
Le leader du DEM Parti a également mis en garde contre les conséquences de telles actions sur le processus de paix et la démocratisation de la Turquie :
« Ce qui s’est passé à Istanbul, alors qu’un processus de paix et de démocratisation est à l’ordre du jour, nuit gravement à l’esprit de la paix. Ce pays doit se débarrasser à la fois des coups d’État militaires et des coups d’État politiques. Les coups d’État militaires sont peut-être terminés, mais nous ne savons jamais quand nous serons confrontés à un coup d’État politique. »
« Nous nous opposons fermement à la confiscation de la volonté du peuple par des moyens extrajudiciaires et des coups d’État politiques. Notre position est claire : où qu’il y ait une injustice, une violation du droit ou une usurpation de la volonté des Kurdes et des Turcs, nous serons présents. Nous sommes solidaires. Nous serons toujours du côté de la justice. »
« La Turquie a besoin de démocratie, pas d’un İmamoğlu en prison »
Répondant aux questions des journalistes, Bakırhan a insisté sur l’urgence de créer un cadre démocratique où toutes les communautés peuvent coexister dans l’égalité et la fraternité :
« La Turquie entre dans une nouvelle phase de débat politique. L’espoir renaît. Depuis des jours, nous sommes sur les places de Newroz, où l’aspiration à une Turquie démocratique, où chacun peut vivre librement avec sa langue et son identité, est à son paroxysme. Ces manœuvres judiciaires ne font qu’entraver et fragiliser ce processus. »
« La Turquie n’a pas besoin d’un İmamoğlu en détention ou en prison. La Turquie a besoin de démocratie. Le peuple turc a besoin d’un espace démocratique sans administrateurs nommés, sans oppression et sans instrumentalisation de la justice. Le gouvernement doit entendre la voix du peuple. Ce qu’il fait nuit à 85 millions de citoyens. Nous sommes tous devenus 3 % plus pauvres du jour au lendemain. À qui profite cette opération ? Certainement pas à la Turquie. Ce n’est pas la bonne voie. »
Cette conférence de presse conjointe entre le DEM Parti et le CHP marque un moment clé de solidarité face aux attaques contre la démocratie locale en Turquie. Les deux partis réaffirment leur engagement contre la répression judiciaire et pour une Turquie où la voix du peuple ne pourra être réduite au silence.