En réaction aux récentes décisions du 12e congrès du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le leader du Parti d’action nationaliste (MHP), Devlet Bahçeli, a proposé l’établissement d’une « Commission d’unité et de solidarité nationale »réunissant l’ensemble des forces politiques représentées au Parlement turc.
Dans une déclaration publiée le 19 mai, à l’occasion de la Journée de la jeunesse et des sports commémorant Atatürk, Bahçeli a estimé qu’une « nouvelle phase sensible, délicate et exigeant de la patience » avait été ouverte, à la suite de la décision du PKK de se dissoudre et de mettre fin à sa lutte armée.
Un appel à la responsabilité politique
Appelant à la prudence face aux risques de provocations et de récupération politique, Bahçeli a insisté :
« Il ne doit y avoir aucune place pour les malentendus, les provocations ou les débats politiques stériles. Il faut parler avec responsabilité, faire preuve de bon sens et éviter les réactions émotionnelles. »
S’exprimant sur la paix, il a ajouté : « La paix n’est pas un oiseau à une seule aile. Comme il est impossible de voler avec une seule aile, un véritable progrès nécessite la participation, la confiance, la grandeur d’âme et la patience de toute notre nation. »
Une commission pour définir une nouvelle feuille de route
Bahçeli a proposé qu’une « Commission d’unité et de solidarité nationale : stratégie pour un nouveau siècle sans terrorisme » soit établie au sein de la Grande Assemblée nationale de Turquie (TBMM). Cette commission serait composée de 100 membres, représentant les 16 partis politiques siégeant actuellement au Parlement.
Selon le plan présenté par Bahçeli :
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Chaque parti disposerait d’au moins un représentant, et les autres sièges seraient attribués proportionnellementà la taille des groupes parlementaires.
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Deux experts pourraient être nommés par chaque formation politique pour appuyer les travaux de la commission.
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La commission serait présidée par le président du Parlement.
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Elle déterminerait ses propres règles de fonctionnement.
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Les décisions y seraient adoptées à la majorité absolue.
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Les propositions issues de la commission devraient être transformées en projets de loi et soumises aux commissions parlementaires compétentes, puis à l’Assemblée générale.
Contexte : vers une redéfinition du dialogue ?
L’appel du chef nationaliste intervient dans un climat politique marqué par l’annonce historique de la dissolution du PKK et la fin de la lutte armée, à la suite de l’appel d’Abdullah Öcalan en faveur d’une société démocratique, lancé le 27 février dernier depuis l’île d’Imralı. La question kurde, désormais posée en des termes nouveaux, pousse de nombreuses forces politiques à s’exprimer sur les modalités d’un dialogue national.
Reste à savoir si l’initiative de Devlet Bahçeli, figure de proue de la ligne nationaliste dure, sera accueillie favorablement par les partis kurdes et les composantes favorables à une solution politique.