A Tirbê Spî (Al Darbasiyah), un agriculteur dont les champs sont situés le long de la frontière turque, n’a pas cultivé ses terres depuis quatre ans, en raison des tirs indiscriminés de l’armée turque.
Les attaques permanentes de l’armée turque de l’autre côté du mur construit par la Turquie tout au long de sa frontière de 600 km avec la Syrie, empêchent les agriculteurs du Rojava d’accéder à leurs terres situées à proximité du mur. À ce jour, de nombreux agriculteurs ont été blessés par les tirs des militaires en poste le long de la frontière. Plusieurs ont perdu la vie. En dernier lieu, le 30 juillet, un adolescent du nom de Meher Hesen a été touché à la tête par un tir de l’armée turque, dans un village de Kobanê. Il est décédé trois jours plus tard.
Dans le district de Tirbê Spî, qui se trouve dans le canton de Qamislo, ce sont des dizaines de kilomètres de terres dont l’accès est de fait interdit par l’armée turque. Outre les agriculteurs, les bergers de la région sont également concernés par cet empiètement de la Turquie sur le territoire syrien. Les propriétaires des terres accusent par ailleurs l’armée turque d’incendier leurs champs.
« Ils ouvrent le feu sur les enfants »
Xelil Abdullah, 50 ans, dit ne pas être en mesure de planter ses champs depuis des années. « Les soldats turcs ouvrent le feu sur tous les villageois qui s’approchent de leurs champs, dit-il. Auparavant, je ne pouvais cultiver que la moitié de mes terres, c’était mon gagne-pain. Aujourd’hui, je n’ai plus rien. »
Abdullah possède 20 hectares de terres le long de la frontière. Voilà 4 ans qu’il n’a pas pu les cultiver.
« Les soldats turcs ouvrent le feu sur tout le monde, y compris les enfants », peste Ali avant d’ajouter : « Ils lancent des boules de feu depuis les blocs de béton près de la frontière pour incendier les terres cultivées ».
2500 hectares de terres non exploitées
Selon Kemiran Umer, Coprésident du Conseil des agriculteurs de Tirbê Spî, l’armée turque empêche l’exploitation de 2500 hectares de terres. Cinq pour cent des terres agricoles de la région sont situées le long de la frontière et ne peuvent être cultivées.