Le ministère de l’Intérieur turc a engagé des poursuites contre le co-président du DEM Parti, Tuncer Bakırhan, suite à la destitution de trois maires kurdes.
Le ministère de l’Intérieur turc a annoncé l’ouverture de poursuites contre Tuncer Bakırhan, co-président du DEM Parti, en raison d’un discours prononcé lundi à Mardin. Mehmet Mihdi Tunç, co-président provincial de Mardin du DEM Parti, fait également l’objet d’une enquête pour une déclaration liée à la destitution des maires kurdes.
Les co-maires des municipalités de Mardin, Batman et Halfeti, élus sous l’étiquette du DEM Parti, ont été suspendus lundi par le ministère de l’Intérieur, accusés de liens avec des activités terroristes, et remplacés par des administrateurs. La semaine dernière, Ahmet Özer, maire du district d’Esenyurt à Istanbul, membre kurde du CHP et scientifique reconnu, a également été démis de ses fonctions et incarcéré pour des soupçons de liens avec le PKK.
Depuis le début de la semaine, des manifestations de grande ampleur protestent contre la suspension du droit d’élire et d’être élu pour la population kurde de Turquie. La police a réprimé les rassemblements, et de nombreuses personnes ont été arrêtées.
Dans son discours à Mardin, Tuncer Bakırhan a affirmé que le peuple kurde ne plierait pas et a évoqué la tradition de résistance et les soulèvements passés au Kurdistan : « Ni leurs administrateurs, ni leur politique de répression, ni leurs mensonges, ni leurs ruses ne nous feront plier », a déclaré le politicien de 54 ans, en faisant référence à Seyid Rıza, chef de la résistance kurdo-alévie de Dersim, exécuté en 1937.
Une campagne de diffamation a ensuite été lancée contre Bakırhan dans les médias turcs et sur les réseaux sociaux. Le DEM Parti a publié un communiqué déclarant que les propos de son co-président, mentionnant les leaders kurdes Cheikh Said et Seyid Rıza, avaient été déformés : « Les propos de notre co-président Tuncer Bakırhan sont extrêmement clairs et sans équivoque. Le discours se réfère à la mémoire historique et critique les méthodes qui rendent impossible une solution à la question kurde. Alors que nos communautés subissent un coup de force par les administrateurs, elles sont confrontées à un lynchage politique organisé. Nous savons que la source de ces attaques est la même. Vous ne pouvez pas légitimer les administrateurs par des distorsions et un lynchage politique. »