Une correspondance est maintenant établie avec la prison de haute sécurité d'Elazığ. Avec Leyla Güven ex co-maire de Viranşehir et membre du Congrès des Pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe (CPLRE), une grande figure de la résistance kurde. Elue députée HDP d'Hakkari le 7 juillet 20218, elle est démise de son mandat le 4 juin 2020. Le 21 décembre 2020, elle est condamnée à 22 ans et trois mois de prison par le tribunal de Diyarbakır.
Image d'illustration.

Une correspondance est maintenant établie avec la prison de haute sécurité d’Elazığ. Avec Leyla Güven ex co-maire de Viranşehir et membre du Congrès des Pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe (CPLRE), une grande figure de la résistance kurde. Elue députée HDP d’Hakkari le 7 juillet 20218, elle est démise de son mandat le 4 juin 2020. Le 21 décembre 2020, elle est condamnée à 22 ans et trois mois de prison par le tribunal de Diyarbakır.

Leyla Güven à l’initiative d’un mouvement d’une ampleur incalculable : une grève de la faim illimitée – Amitiés kurdes de Bretagne (akb.bzh).

A Leyla Güven s’est jointe Remziye Yaşar, élue, en mars 2019, co-maire d’Yüksekova, interpellée le 15 octobre 2019, mise en détention, destituée, et qui vient d’être condamnée,  à 17 années de prison et 6 mois. Verdict contre la co-maire de Yüksekova : 17 années de prison et 6 mois – Amitiés kurdes de Bretagne (akb.bzh)

S’est jointe également Hülya Alökmen Uyanık, élue co-maire de Diyarbakir le 31 mars 2019. Pandémie à Diyarbakir : l’administration d’Erdoğan en accusation – Amitiés kurdes de Bretagne (akb.bzh)

Pierre Barbancey, dans le journal l’Humanité, avait qualifiée Hülya Alökmen Uyanık, au lendemain de son élection de co-maire de Diyarbakir, de “femme du jour” : “elle a été de tous les combats pour la reconnaissance des droits du peuple kurde”.  Sa lettre sortie de la prison raconte, avec pudeur et retenue, son histoire militante et lève un coin du voile sur la vie des détenues à la prison de type E d’Elazığ.

André Métayer 

« Depuis juin 2021, je suis détenue à la prison d’Elazığ, c’est à dire que je suis avec la camarade Leyla (n.d.l.r. Leyla Güven). Déjà plus d’un an de détention mais depuis le premier jour vos cartes pleines de couleurs et d’espoir nous donnent le moral. Je pense qu’il serait pas mal que je me présente un peu. Je suis infirmière, j’ai travaillé quelques 22 ans dans le service publique et une nuit de 2016 j’ai appris que dans le cadre des lois d’exception mon nom avait été publié au journal officiel et que j’avais perdu mon travail. L’affaire est suivie par une commission qui a été créée par la suite mais ça fait déjà 5 ans. 

Lorsque je travaillais, j’étais syndicaliste. J’ai été responsable de l’antenne de Diyarbakir du syndicat SES, le syndicat des travailleurs de la santé et des services sociaux (n.d.l.r. le SES est affilié au KESK, le syndicat le plus combatif du service public en Turquie). Et parce que pendant cette période, j’ai participé à quelques panels du DTK (n.d.l.r. Congrès de la Société démocratique), en avril 2021 j’ai été condamnée à 11 années de prison avec exécution immédiate. Alors même que pour ce dossier, je n’avais été convoquée qu’à une seule audition. Pourquoi une telle peine et cette incarcération ?

C’est clair, je suis punie parce qu’après mon éviction, j’ai commencé à travailler au HDP. En 2019, j’ai été co-candidate à la mairie de la métropole de Diyarbakir. J’ai été élue mais comme j’avais été démis de mes fonctions à l’hôpital, on m’a interdit de prendre mon poste à la mairie. Je n’ai pas abandonné pour autant, j’ai été élue à la co direction du HDP à Diyarbakir. Poste que j’ai occupé pendant près de 17 mois jusqu’à mon interpellation en octobre 2020. J’ai été libérée mais dans le cadre du dossier que j’ai évoqué plus haut, j’ai été jugée avec la vitesse de la lumière, condamnée et incarcérée. Puis j’ai été transférée de Diyarbakir à Elazığ. Ma famille, mes deux fils de 13-15 ans sont à Diyarbakir (n.d.l.r. à plus de 150 km),  et ils essaient désespérément de comprendre ce qui se passe. Actuellement, j’attends la décision d’appel. 

Autre chose, ici tout le monde souhaite vous écrire mais malheureusement on ne peut pas mettre plus d’une lettre par enveloppe et les courriers internationaux sont devenus vraiment chers. C’est pourquoi, les camarades vont vous écrire une phrase chacun pour vous transmettre leurs salutations 

Je précise que nous avons rédigé le courrier un peu précipitamment parce que dans le cadre d’une procédure ouverte à cause de nos chants et danses, nous avons été condamnées à un mois d’interdiction de correspondance. Pendant un mois ni courrier ni téléphone. Comme la décision n’a pas encore été notifiée, j’espère que cette lettre pourra passer. 

Encore aujourd’hui, nous n’avons qu’un accès limité aux livres : pas plus de 7. Les magazines et publications sont toujours interdits. Nous sommes abonnées à certains journaux mais si ces journaux ont déjà été sanctionnés par l’organisme d’État appelé « la commission des publications », nous ne pouvons pas les recevoir. C’est une façon dérobée de nous imposer leur censure. Et, malheureusement la procédure devant le tribunal constitutionnel a échoué. 

Il y a ici beaucoup de jeunes camarades dont les peines ont été récemment confirmées. Et, comme elles ont protesté contre les décisions prises dans le cadre de l’état d’urgence, elles sont placées à l’isolement. A cause de ça, leur libération sous condition a été annulée. Par exemple, alors qu’elles pourraient être libérables au bout de trois ans, elles devront rester sept ans. Elles ont saisi le tribunal constitutionnel et attendent. C’est une partie des difficultés que nous vivons ici. Merci encore pour votre intérêt et votre solidarité. 

Avec affection et respect. 

Hülya Alökmen Uyanık,  » 

Pour mémoire  

DTK : Le Congrès pour une société démocratique : le plus vaste réseau d’organisations de la région kurde. Il a servi de plateforme démocratique pluraliste réunissant des représentants de partis politiques, d’ONG, de conseils locaux, de syndicats, de mouvements de défense des droits des femmes ou écologistes et de nombreux autres acteurs (cf. L’avocat Emin Aktar condamné à 6 ans et 3 mois de prison – Amitiés kurdes de Bretagne (akb.bzh)

HDP : Parti démocratique des peuples est un parti politique représenté à la Grande Assemblée nationale de Turquie. Situé politiquement à gauche, issu du mouvement politique kurde il se veut « représenter la société turque dans sa diversité » et rester dans la continuité du mouvement protestataire de 2013 (manifestations du parc Gezi). Attaché à l’écologie politique, il défend par ailleurs les droits des Kurdes, des femmes et des LGBT (Wikipédia).

KESK : La Confédération des syndicats des fonctionnaires est membre de la C.E.S. (Confédération européenne des Syndicats), comme le sont aussi les syndicats français CFDT, CFTC, CGT, FO, UNSA. La CES a été créée en 1973 afin de défendre les intérêts des travailleurs au niveau européen et de les représenter devant les organes de l’Union européenne. KESK est le syndicat le plus combatif du service public en Turquie. Les syndicats en Turquie – Amitiés kurdes de Bretagne (akb.bzh)

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André Metayer
André Métayer, a "découvert" les Kurdes en 1994 : "ce fut un véritable choc". Il revint du Kurdistan "Un pays qui n'existe pas mais les Kurdes, eux, existent, je les ai rencontrés" et depuis il ne les a pas quittés. Militant infatigable quand il s'agit de défendre la cause kurde, il a créé il y a plus de vingt ans, la "Délégation rennaise Kurdistan" qui devint les "Amitiés kurdes de Bretagne" dont il reste le "président fondateur". Il a été, lors d'une cérémonie en mai 2010, honoré par le Congrès national du Kurdistan (K.N.K) : "Your solidarity and friendship is our strength. Thank you André Métayer".

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