Entamé le 4 mai 1937, le génocide de Dersim s’inscrit dans la longue liste des massacres commis par l’Etat turc et, avant lui, l’empire ottoman.
70 000 à 90 000 kurdes alévis du Dersim ont été exécutés par l’armée turque lors de cette campagne génocidaire qui s’est poursuivie jusqu’en 1938.
83 ans sont passés depuis le génocide de Dersim, et pourtant, la Turquie n’est pas prête de le reconnaître, de même que les nombreux autres commis à l’encontre des Kurdes, des Arméniens, des Assyro-Chaldéens et d’autres minorités. Les responsables du massacre de milliers de personnes n’ont jamais été jugés, ni même identifiés. Les familles brisées n’ont jamais pu découvrir leur histoire.
Des milliers de personnes ne connaissent toujours pas le sort de leurs familles. On ignore toujours ce que sont devenus les enfants kurdes enlevés par les autorités turques à l’époque.
De nombreux Etats dans le monde ayant commis des génocides dans le passé, ont reconnu leur responsabilité et présenté leurs excuses pour l’injustice et la douleur causées par ces crimes contre l’humanité. Cependant, la Turquie persiste dans sa politique de négation du génocide kurde, tout comme elle le fait avec le génocide arménien.
La campagne militaire contre le Dersim a été lancée suite à un incident mineur qui a servi de prétexte au régime de Mustafa Kemal pour mettre en oeuvre ses plans de répression des tribus kurdes alévies: un jour de mars 1937, un pont stratégique en bois a été incendié et les lignes téléphoniques coupées. Seyyit Riza et les tribus qui lui étaient associées ont été accusés de ces actes que les autorités turques ont présenté comme le début d’un soulèvement.
Les premières troupes, envoyées pour arrêter les suspects, ont été arrêtées par des hommes armés de la tribu. Les affrontements se sont rapidement intensifiés. Les tribus refusant de livrer leurs chefs, une vaste campagne militaire a été lancée par l’armée turque, visant à soumettre la région, ceci durant tout l’été 1937. En septembre, Seyyit Riza et ses plus proches collaborateurs se rendirent, mais au printemps suivant, les opérations reprirent avec une violence et une brutalité sans précédent.
Selon les chiffres officiels, cette campagne militaire aurait fait 12 000 morts. Mais, les historiens indépendants spécialistes du massacre de Dersim estiment le nombre réel entre 70 000 et 90 000.