Dimanche 11 février, plusieurs centaines de personnes, le visage marqué par l’émotion, se sont serrées dans la petite salle du centre démocratique kurde de Paris afin de rendre un dernier hommage à Kemal Serhat Nicolas Akyol (Özgür Seyit Karakoçan de son nom de guerilla), jeune combattant franco-kurde du PKK, tombé sous les bombes turques le 04 septembre 2017, peu avant ses 22 ans qu’il aurait fêtés en novembre.
Au même moment, à Paris, sa mère Berivan, comme toujours en tête de manifestation, scandait des slogans de solidarité pour Efrîn. Sous les drapeaux rouges, jaunes et verts, des dizaines de bouquets de fleurs dans les mêmes tons de couleur entourent les portraits du martyr et témoignent d’une solidarité allant au delà de la communauté kurde.
Après des prises de paroles de plusieurs responsables de différentes branches du mouvement kurde, sa mère, Berivan, s’est exprimée en turc puis en français pour parler de l’engagement de son fils. Désespéré par l’inaction de la France, à 16 ans, celui-ci avait abandonné une première fois l’école pour essayer de se rendre à Kobané. Sa mère l’avait alors rattrapé juste avant la frontière pour le ramener, en lui disant qu’il pourrait faire le choix de combattre quand il aurait atteint sa majorité. Quelques mois plus tard, peu avant ses 18 ans, Kemal est parti de nouveau, cette fois pour de bon. Environ un an après l’assassinat des trois femmes kurdes à Paris, après avoir fait ses adieux à sa famille et ses amis, il a pris le chemin de la montagne.
Après s’être engagé dans la guerilla du PKK, il a lutté à Shengal, puis au Rojava pour défendre le projet de société démocratique qui y prend son essor contre les attaques des jihadistes. Sur la photo officielle que prennent tous les combattants lors de leur engagement au sein du PKK, avec le drapeau de l’organisation en fond, il a fait le choix de porter sous sa tenue, à la place d’un tshirt neutre, le maillot du PSG. Un symbole fort pour ce jeune qui est parti se battre non seulement en tant que Kurde, mais aussi en tant que Français : « puisque la France ne fait rien, moi je dois faire quelque chose ». Sa mère a conclu son discours ainsi : « Tant que je vivrai, tant que le peuple kurde existera, tu vivras aussi. Les martyrs ne meurent pas ».