En 2021, au moins 46 kolbars kurdes ont perdu la vie et 122 autres ont été blessés dans les zones frontalières à la suite de tirs des gardes-frontière ou d’accidents, indique l’ONG Kurdistan Human Rights Network. Sur les 46 kolbars qui ont perdu la vie, 21 ont été tués par les forces de sécurité iraniennes ou turques.
L’ONG Kurdistan Human Rights Network (KHRN) a publié son rapport annuel 2021 sur les violations des droits humains à l’encontre des Kurdes d’Iran.
« Comme les années précédentes, les droits du peuple kurde ont été violés en raison de leur langue, de leur religion, de leur culture, de leur sexe, de leur orientation sexuelle et de leur appartenance sociale et politique, par les lois discriminatoires de la République islamique et la répression violente exercée par ses institutions sécuritaires, militaires, judiciaires et exécutives », a déclaré KHRN.
Le rapport de l’organisation de défense des droits humains comprend les données suivantes sur les kolbars (porteurs frontaliers de marchandises) : En 2021, au moins 46 kolbars kurdes ont perdu la vie et 122 ont été blessés dans les zones frontalières des provinces de l’Azerbaïdjan occidental, du Kurdistan et de Kermanshah à la suite de tirs des gardes-frontière, de catastrophes naturelles, etc.
Sur les 46 kolbars qui ont perdu la vie, 17 ont été tués par les forces militaires iraniennes et quatre par les forces turques.
Un enfant kolbar s’est suicidé après que les gardes-frontière aient confisqué ses mules.
En outre, cinq kolbars ont perdu la vie dans des avalanches, trois sont morts d’hypothermie, trois ont été victimes de chuttes mortelles, trois sont décédés d’une crise cardiaque, un est mort noyé et neuf dans des accidents de la route.
Sur les 122 kolbars blessés, 74 ont été battus et torturés par les gardes-frontière iraniens, trois ont été violentés par le Corps des gardiens de la révolution islamique, trois ont été torturés par les gardes-frontière turcs, et un a été battu par les gardes-frontière irakiens. Par ailleurs, douze kolbars se sont blessés à la suite d’une chute et trois autres suite à des explosions de mines. En outre, 26 kolbars ont été blessés dans divers autres incidents.
Les autres violations notoires dénoncées par KHRN pour l’année 2021 sont les suivantes :
Les forces militaires iraniennes ont ciblé et tué au moins neuf civils kurdes au cours de l’année.
Au moins 30 prisonniers ont été exécutés dans diverses prisons des provinces occidentales de l’Azerbaïdjan occidental, du Kurdistan, de Kermanshah et d’Ilam.
Le 19 décembre, souligne le rapport, un prisonnier politique kurde nommé Heydar Ghorbani, accusé d’ « insurrection armée » (baghi), a été exécuté par le régime iranien dans la prison centrale de Sanandaj. L’exécution de Ghorbani a eu lieu sans que sa famille et son avocat aient été prévenus, ce qui a suscité de nombreuses protestations au sein de la population kurde et des organisations de défense des droits humains.
Six prisonniers kurdes ont été torturés à mort dans les centres de détention et les prisons iraniennes.
Les forces de la République islamique d’Iran ont assassiné quatre militants politiques kurdes et membres du Parti de la vie libre du Kurdistan (PJAK) et du Parti démocratique du Kurdistan iranien (PDKI) à l’étranger.
Au moins 32 cas de féminicides ont été enregistrés au Kurdistan. Ces meurtres ont généralement été commis par les hommes de la famille.
Les explosions de mines terrestres et de bombes non explosées ont tué au moins 14 personnes et blessé au moins 25 autres. Parmi les victimes, figurent au moins deux enfants et deux kolbars.
Au moins 42 travailleurs ont perdu la vie et trois autres ont été blessés dans des accidents du travail.
Au moins six civils kurdes en quête d’asile dans des pays européens ont perdu la vie à l’étranger.
Au moins 421 Kurdes, dont 10 mineurs, ont été arrêtés pour des raisons politiques par les services de sécurité, les forces de l’ordre et les institutions judiciaires de la République islamique d’Iran.
Les tribunaux iraniens ont condamné au moins 98 Kurdes à des peines allant de deux mois de prison à la peine de mort.
Qui sont les kolbars?
« Kolbar » est un terme kurde composé des mots « kol » (épaules) et « bar » (fardeau). Les kolbars gagnent leur vie en transportant, à travers les frontières qui divisent le Kurdistan, des marchandises telles que cigarettes, téléphones portables, tissus, articles ménagers, thé et, plus rarement, alcool. Ils empruntent, pour ce faire, des itinéraires périlleux, principalement entre le Sud et l’Est-Kurdistan. Alors qu’ils risquent leur vie dans cette activité, ils ne reçoivent que des rémunérations dérisoires par rapport aux prix de vente des produits sur les marchés de Téhéran. Des dizaines sont tués chaque année, en toute impunité, par les garde-frontières iraniens et turcs.