En l’espace d’un an, 35 journalistes kurdes ont été arrêtés par le régime turc. Quinze d’entre eux sont aujourd’hui jugés à Diyarbakir. L’avocat Resul Temur voit dans ce procès un moment charnière pour le journalisme en Turquie.
En Turquie, 35 collaborateurs de médias kurdes ont été arrêtés l’année dernière dans le cadre de quatre procédures pénales distinctes. Aujourd’hui s’ouvre à Diyarbakir (Amed) le procès de 15 professionnels des médias kurdes – Rédacteurs, présentateurs, cameramen – arrêtés en juin 2022. Ces derniers sont notamment accusés d’avoir fait la propagande du PKK et du leader kurde Abdullah Öcalan à travers les reportages et programmes télévisés auxquels ils ont contribués. Selon l’accusation, ils auraient transmis des instructions provenant de la direction du PKK et informé la guérilla kurde « des opérations et des activités de l’armée de l’air » par le biais de reportages et de programmes télévisés. Le parquet a requis une peine de sept ans et six mois à l’encontre des 15 journalistes.
Un grand revers pour le journalisme en Turquie
Resul Temur, un des avocats de la défense, voit dans ce procès un moment charnière pour le journalisme en Turquie. Cette évolution néfaste ne concerne pas seulement les médias kurdes, mais plus généralement tous les travailleurs des médias en Turquie, a expliqué l’avocat, interrogé par l’agence de presse Firat News (ANF). Et de citer le cas de Merdan Yanardag, rédacteur en chef du média turc Tele1, arrêté fin juin pour « propagande terroriste » après avoir critiqué l’isolement carcéral du leader kurde Abdullah Öcalan : « L’arrestation de Merdan Yanardağ, un journaliste d’opposition, s’inscrit dans le cadre d’une normalisation de la politique répressive à l’égard des professionnels des médias en Turquie. Les journalistes kurdes sont constamment arrêtés et détenus en raison de leurs reportages, de la langue utilisée et de leurs choix éditoriaux. Ils sont poursuivis, entre autres, en raison de leurs articles ou reportages sur le sujet de l’isolement carcéral. S’il y avait eu des réactions face à ces poursuites, la criminalisation de ce type de propos n’aurait pas été banalisée. C’est pourquoi il est primordial de soutenir les journalistes kurdes jugés ce 11 juillet. »