Le 15 août 1984 demeure une date cruciale dans l’histoire du peuple kurde, marquant la première action militaire du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dirigée par Mahsum Korkmaz, connu sous le nom d’Egîd.
Cette journée historique a enflammé une lueur d’espoir au cœur des Kurdes, un espoir qui résonne encore aujourd’hui dans les commémorations à travers le Kurdistan.
Le 12 septembre 1980, les forces armées turques, dirigées par le général Kenan Evren, prirent le pouvoir en Turquie lors d’un coup d’État militaire. L’un des objectifs principaux de ce coup était d’écraser le mouvement kurde. La constitution fut suspendue, le parlement dissous, tous les partis politiques et syndicats interdits, et la loi martiale imposée dans tout le pays. Des centaines de milliers de personnes furent torturées, des milliers disparurent, jusqu’à 650 000 personnes furent arrêtées, des films furent censurés, des journalistes emprisonnés et tués, et les journaux empêchés de publier. De nombreuses condamnations à mort furent prononcées, dont 122 concernaient les membres du PKK. Celui-ci retira certains de ses membres de Turquie vers le Liban et la Syrie et entreprit des préparatifs politiques et militaires, aboutissant aux actions du 15 août.
Au second Congrès du PKK, tenu du 20 au 25 août 1982 à Daraa (Syrie), la décision fut prise d’entamer une préparation pour une insurrection en Turquie. Des camps d’entraînement furent établis en Syrie et dans la vallée de la Bekaa au Liban, tandis que des équipes de propagande traversèrent la frontière pour établir un contact avec la population locale.
Après des années de préparation méticuleuse, le PKK lança sa première attaque majeure le 15 août 1984, sous la direction de Mahsum Korkmaz.
Les forces du PKK prirent pour cible la gendarmerie d’Eruh à Siirt, tuant un gendarme et blessant six soldats. Simultanément, d’autres forces attaquèrent un poste de gendarmerie en plein air, des logements d’officiers et une autre station de gendarmerie à Şemdinli, dans la province de Hakkari. Deux policiers furent tués et un policier ainsi qu’un soldat furent blessés.
Cette première attaque fut suivie par une incursion dans un commissariat de police à Siirt le 17 août. S’ensuivirent rapidement une attaque qui coûta la vie à trois gardes présidentiels du général Kenan Evren à Yüksekova, ainsi qu’une embuscade ayant tué huit soldats turcs à Çukurca, dans la province de Hakkari.
Dans ce contexte, le PKK n’eut d’autre choix que de recourir à la lutte armée pour préserver et réaliser toute aspiration de la population kurde à la reconnaissance et à l’identité. La résistance kurde a depuis gagné en ampleur et en portée.
Mahsum Korkmaz : L’héritage légendaire d’Egîd
Le 28 mars 1986, le commandant guérillero légendaire Mahsum Korkmaz tomba en martyr avec un groupe de camarades lors de heurts avec les troupes turques à Gabar. Depuis ce jour, le Commandant Egîd occupe une place particulière dans le cœur du peuple kurde, sa posture héroïque étant célébrée à chaque occasion.
Sous son commandement, les guérilleros kurdes lancèrent la première attaque contre les forces d’occupation turques le 15 août 1984 à Eruh, amorçant ainsi la lutte armée pour la libération.
Afin de commémorer le Commandant Egîd, un forgeron de Kobanê a créé une sculpture spéciale. La statue en fer représente le Commandant Egîd dans son uniforme, tenant un Kalachnikov, le visage levé vers le ciel. Cette statue incarne la victoire et la vision.
On dit que Mahsum Korkmaz repose dans une fosse commune à Newala Kesaba, près de Siirt. Chaque année, des milliers de personnes se rendent sur les lieux pour rendre hommage au grand commandant.