La campagne « 100 raisons pour juger le dictateur Erdogan » lancée par le TJK-E énonce cent des crimes les plus graves commis par le régime d’Erdogan contre les femmes et les filles. Parmi les victimes de ces crimes, figure la petite Ceylan Önkol
Ceylan Önkol, 12 ans, tuée par un obus de l'armée turque en 2009, dans la région de Diyarbakir

La campagne « 100 raisons pour juger le dictateur Erdogan » lancée par le Mouvement des Femmes kurdes en Europe (TJK-E) à l’occasion de la journée internationale des violences faites aux femmes, le 25 novembre dernier, énonce cent des crimes les plus graves commis par le régime d’Erdogan contre les femmes et les filles. Parmi les victimes de ces crimes, figure la petite Ceylan Önkol tuée en 2009 par un tir d’obus de l’armée turque.

L’objectif de la campagne, telle que présentée par le TJK-E, est de recueillir 100 000 signatures jusqu’au 8 mars, mais aussi de « partager des histoires de femmes assassinées, d’agir et de créer des alliances contre le féminicide et le fascisme. » L’organisation des femmes kurdes se propose ainsi d’être « la voix des femmes assassinées face au dictateur qui ne cesse de commettre des massacres chaque jour. »

Sur le site internet dédié à la campagne, sont recensés 100 des crimes les plus graves commis par le régime d’Erdogan à l’encontre des femmes. Nous publions ici le sixième article consacré à la petite Ceylan Önkol tuée par un tir d’obus de l’armée turque, dans la région de Diyarbakir, en 2009.

Avec Erdogan aux commandes, il n’y aura pas d’avenir pour les enfants en Turquie. Aujourd’hui, nous voulons nous souvenir ensemble de Ceylan, qui a grandi dans une guerre et dont l’enfance, l’avenir et la vie ont été dérobés.

Ceylan Önkol n’avait que 12 ans lorsqu’elle a été tuée le 28 septembre 2009 par l’explosion d’un obus de l’armée turque, dans le village de Senlik, à Lice, un district de la province de Diyarbakir. Selon le récit de sa mère, Saliha Önkol, la petite fille est sortie le matin, vers 11 heures, pour faire paître les animaux. La femme se souvient des derniers mots prononcés par sa fille en sortant : “Maman, fais-moi des pâtes”. Peu après, les habitants du village entendent un bourdonnement puis une grande explosion. Des villageois se rendent alors à l’endroit d’où est provenu le bruit de la déflagration et y trouvent le corps en morceaux de l’enfant. Elle a été tuée par un obus de mortier tiré depuis le poste de police de Tabantepe, situé à 200 mètres de sa maison.

Après l’incident, le procureur de Lice a refusé de se rendre sur les lieux, au motif que les faits s’étaient déroulé “dans une zone terroriste”. Il a demandé aux villageois de récupérer le corps et de l’amener au poste de gendarmerie le plus proche. Saliha Önkol a dû ramasser elle-même les morceaux du corps de sa fille pour les apporter au procureur. Ce dernier ne s’est rendu sur les lieux que trois jours plus tard.

Après enquête couverte par le secret, le parquet de Lice a classé l’affaire sans suite.

L’Association des Droits de l’Homme (IHD) a déclaré que, selon ses observations, Ceylan avait pu être visée par un tir provenant du poste de police. Un expert médical indépendant a par ailleurs affirmé que la petite fille était morte en « position défensive », ce qui renforçait la thèse selon laquelle elle avait été abattue.

Saisie d’une plainte des parents de la victime, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rejeté en 2017 leur requête tendant à ce que la Turquie soit condamnée sur le fondement de l’article 2 garantissant le droit à la vie.

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