Un Kurde arrêté en France à la demande de la Turquie
image d'illustration.

Hayrettin Demir, un Kurde originaire de Turquie qui vit en France depuis plus de 20 ans avec un titre de séjour, a été arrêté à son domicile, hier, 19 juin, tôt dans la matinée.

Dans l’après-midi, un avocat sollicité par la famille de M. Demir a informé celle-ci que l’arrestation était motivée par une demande d’extradition de la Turquie.

Transféré aujourd’hui à Paris, Hayrettin Demir a comparu devant un juge. D’après les dernières informations communiquées par sa famille, Il a été libéré au milieu de l’après-midi, sous contrôle judiciaire et avec assignation à résidence. 

Alors qu’il encourt en Turquie une peine de plus de 30 ans de prison en raison de ses activités militantes en faveur de la cause kurde, M. Demir a dit craindre pour sa vie en cas d’extradition vers la Turquie.  

Depuis la visite en Turquie, le 13 juin, du ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, les Kurdes vivant en France sont confrontés à une campagne de pressions. Des dirigeants et membres du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) ont notamment fait l’objet de mesures administratives de gel de fonds, dans le cadre de la législation dite de ‘lutte contre le financement du terrorisme”.

GEL DE FONDS CONTRE LES REPRÉSENTANTS KURDES

Dans un communiqué, le CDK-F dénonce ces sanctions administratives publiées le jour même de la rencontre de Jean-Yves Le Drian avec son homologue turc Mevlut Cavusoglu. 

“Il n’y a pas de doute qu’une fois de plus, Paris a négocié avec Ankara de gros contrats sur le dos des militants kurdes réfugiés en France”, s’indigne le CDK-F dans le communiqué publié le 17 juin sur son site internet.

RAIDS CONTRE LES KURDES DANS CINQ PAYS

Selon les médias belges, deux hommes kurdes auraient été arrêtés suite à des perquisitions effectuées en Autriche, Belgique, France, Allemagne et Suisse, dans le cadre d’une enquête du parquet fédéral belge menée en collaboration avec Eurojust et Europol . 

Le climat actuel de pressions à l’encontre des Kurdes n’est pas sans rappeler la période 2006-2013 durant laquelle des centaines de militants Kurdes ont été arrêtés sur le sol français, dans le cadre de procédures dites de lutte contre le terrorisme. Ce contexte de répression judiciaire marqué par une coopération étroite avec les autorités turques avait précédé l’assassinat le 9 janvier 2013 de trois militantes kurdes à Paris. L’enquête sur ce triple meurtre a révélé par la suite la responsabilité des services de renseignement turcs (MIT). 

MENACES DE MORT

Dans son communiqué, le CDK-F indique par ailleurs que son Coprésident et son porte-parole ont reçu des menaces de mort venant du MIT. Une prime de 1,5 millions de livres turques est promise  par Ankara pour le Coprésident, tandis que le porte-parole a été menacé par le MIT à travers un message qui lui a été transmis.

“La France n’a t-elle donc pas tiré les leçons de sa politique de répression à l’encontre des Kurdes entre 2006 et 2013”, s’interroge le CDK-F dans ce même communiqué, avant de poursuivre: “Cette politique désastreuse dominée par une coopération judiciaire immonde avec les autorités turques a conduit à l’assassinat, le 9 janvier 2013, de trois militantes kurdes exécutées par le MIT, en plein cœur de Paris”

A travers son communiqué, Le CDK-F a par ailleurs mis en garde les autorités françaises sur le fait que les mesures répressives prises contre ses membres allaient  encourager les “commandos de la mort” du MIT actifs en France: « Nous alertons l’opinion publique, les organisations politiques et de la société civile que nos dirigeants sont en danger et qu’en cas d’atteinte à leur vie ou à leur intégrité physique, le gouvernement français et en particulier M. Jean-Yves Le Drian en seront tenus pour responsables. »

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