La prisonnière politique kurde Garibe Gezer est décédée dans la prison de haute sécurité de Kandıra, à Kocaeli. L’administration pénitentiaire a prétendu qu’elle s’était suicidée. Détenue depuis 2016, la prisonnière politique kurde Garibe Gezer est morte en détention. Jeudi, la direction de la prison de haute sécurité de Kandıra a informé la famille du décès, indiquant que Gezer s'était donné la mort.

La prisonnière politique kurde Garibe Gezer est décédée dans la prison de haute sécurité de Kandıra, à Kocaeli. L’administration pénitentiaire a prétendu qu’elle s’était suicidée. 

Détenue depuis 2016, la prisonnière politique kurde Garibe Gezer est morte en détention. Jeudi, la direction de la prison de haute sécurité de Kandıra a informé la famille du décès, indiquant que Gezer s’était donné la mort.

L’avocate et co-présidente de l’Association des Droits de l’Homme (IHD), Eren Keskin, a écrit jeudi sur Twitter que le directeur de la prison avait informé la famille Gezer du « suicide » de la jeune femme. « Comment une détenue placée à l’isolement aurait-elle pu se suicider », s’est interrogée Mme Keskin, rappelant que la prisonnière avait été condamnée à une sanction disciplinaire. 

Selon un rapport de l’Initiative parlementaire des femmes du Parti démocratique des Peuples (HDP)  d’octobre 2021, Gezer a été maintenue à l’isolement pendant 22 jours après son transfert dans la prison. Le 24 mai, des gardiens, hommes et femmes, seraient entrés dans la cellule de Gezer et l’auraient battue. « Pendant que les gardiennes lui tenaient les bras, les hommes lui donnaient des coups de bottes dans le dos », indique le rapport qui se poursuit ainsi : « Ses vêtements ont été arrachés et elle a été traînée à moitié nue dans la zone réservée aux hommes. Elle a ensuite été jetée dans une “cellule capitonnée” complètement isolée et surveillée par caméra 24 heures sur 24. Dans cette pièce, elle a subi des violences sexuelles de la part des gardiens de prison. »

En raison de ces violences sexuelles, Gezer aurait tenté de mettre fin à ses jours, selon le rapport du HDP : « Gezer a été maltraitée à l’infirmerie. Elle n’a pas bénéficié de soins. Après ces événements traumatisants, Gezer a été enfermée dans une cellule d’isolement. Le 7 juin, elle a tenté de mettre le feu à sa cellule et a de nouveau été jetée dans la ‘cellule capitonnée’ pendant 24 heures. Lors d’une conversation avec sa famille, elle a indiqué qu’elle avait été condamnée à une peine d’isolement de cinq jours et que d’autres procédures disciplinaires étaient en cours à son encontre. Certaines des lettres de Gezer sont censurées, tandis que d’autres ne sont pas du tout transmises. Bien que ces plaintes et allégations soient connues depuis un certain temps, aucune enquête n’a été ouverte par le parquet et aucune mesure n’a été prise contre les responsables. »

Autopsie réalisée en l’absence des avocats 

Après avoir été informés du décès de la jeune femme, les avocats du Bureau d’aide juridique contre le harcèlement sexuel et le viol et de l’Association des avocats pour la liberté (ÖHD) se sont rendus à la prison. Cependant, ils n’ont pas été mis en mesure d’assister à l’autopsie du corps de Gezer réalisée par l’Institut de médecine légale de Kocaeli.

Selon les avocats, les informations sur la cause du décès n’ont pas été incluses dans le rapport préliminaire d’autopsie.

Eren Keskin a dénoncé le fait que l’autopsie de Gezer ait été effectuée sans attendre les avocats : « Au nom de l’IHD et de l’ÖHD, les avocates Jiyan Tosun, Veysi Eski, Jiyan Kaya, Elif Taşdöğen et Beritan Kalbişen Garibe étaient en route pour assister à l’autopsie et prendre les images de la prison. Cependant, lorsqu’ils sont arrivés, le processus d’autopsie était terminé. L’autopsie a été réalisée en l’absence des avocats. Même dans les années 90, une telle chose n’aurait pas pu se produire. »

En outre, l’administration pénitentiaire n’a pas autorisé les avocats à rencontrer les codétenues de la défunte. 

Le cercueil de Garibe Gezer emmené par des femmes

Un groupe de femmes composé de membres des Mères de la paix, du Mouvement des femmes libres (TJA), de l’Association d’aide aux familles des détenus (TUHAY DER), ainsi que de cadres féminins du HDP, s’est rendu à l’hôpital d’État de Kocaeli pour y récupérer le corps de Garibe Gezer.

Les femmes ont porté le cercueil en scandant « les martyrs sont immortels », tandis que la police tentait de les interrompre. Garibe Gezer devrait être enterrée dans la soirée, à Mardin, dans sa ville natale, Kerboran (Dargeçit).

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