Saleh Muslim, chargé des relations extérieures du Mouvement pour une Société Démocratique (TEV DEM) et ancien co-président du Parti de l'union démocratique (PYD).

Salih Muslim co-président du PYD a expliqué le plan d’invasion de la Turquie en Syrie, il a notamment affirmé qu’Efrîn (Afrin) est la dernière étape de l’Etat Turc puis a déclaré « Ils perdront s’ils attaquent. Nous vaincrons à Efrin face à la Turquie comme nous avons vaincu à Kobane face à l’Etat Islamique »

L’assemblée constituante du Rojava a suite aux attaques qui ont eu lieu à Efrin et Şehba (Shehba), décidé de se réunir. Lors de cette troisième concertation, l’assemblée a annoncé l’établissement du canton de Şehba. Salih Muslim a répondu aux questions des journalistes pendant un entretien pour le journal Ozgur Politika :

Après Cizire, Kobanê, Efrin pourquoi avez-vous décidé d’annoncer la mise en place du canton de Şehba au Rojava ? Quelles en sont les raisons ?

La Turquie avait un plan. Celui-ci concernait la disparition du peuple kurde et ainsi transformer la situation démographique tout d’abord à Şengal (Sınjar), Kerkuk (Kirkouk), puis à Efrin. Depuis le début de la guerre en Syrie, la Turquie a essayé d’activer ce plan à Cizire, Serekaniye, et Kobane. Elle a ensuite mis de côté Efrin et Serekaniye. Puis a changé de plan, elle n’a pas réussi à Sengal à Mossoul et à Kerkuk. Tous les véhicules qu’ils utilisaient à Kobane ont été détruits. L’armée turque est passée à la dernière étape de son plan qui est Efrin. Après avoir occupé une zone de 2000 km à Sehba, elle souhaite attaquer Efrin. Nous sommes contre cette idée. Ailleurs comme ici, leurs efforts seront vains.

Je ne sais pas à quel point ils connaissent les équilibres, mais nous résistons, et soutenons notre peuple. Nous avons organisé notre peuple. Ils ne gagneront pas à Efrin. Il faut résister, nous faisons ce que nous devons faire et nous sommes prêts. Efrin mettra fin à l’agressivité turc.

A quel point êtes-vous prêt face aux attaques ?

Notre peuple a été formé, il a la capacité de se protéger et de se défendre. La Turquie sera vaincu encore une fois. Même si ses attaques continuent comme par exemple à la frontière turco-syrienne avec des canons, ou lorsque l’armée turque envoie des soldats payés comme Sultan Murat ou Sultan Muhammet Rifat qu’elle entraine à Şehba. Le peuple présent résiste. Les forces présentes sont Ceys ul Suwar et Cebet ul Ahrar, armées locales qui défendent leur propre territoire.

Le nouveau commandant turc a annoncé qu’ils préparaient une guerre contre le YPG et quelques jours après Erdogan a affirmé qu’ils allaient faire de nouvelles interventions pour continuer l’opération Bouclier d’Euphrate. Quel est le nouveau plan ?

Ce sont des menaces. Ils ont amené un « sultan » en Turquie et qui en est le seul homme depuis 2002. Tous les pouvoirs lui sont accordés, ce qui est un chaos pour la Turquie. S’éloigner de la démocratie et des droits humains n’a rien de positif pour la Turquie, nous pouvons en juger les conséquences. Sur la scène internationale personne ne les prend au sérieux. S’ils ne peuvent assurer la paix, régler la question kurde leur agressivité continuera. Nous avons juste à leur dire que s’ils tentent de nous attaquer ils subiront une défaite. Nous n’avons jamais eu peur de ces menaces.

Voici notre appel à notre peuple : n’écoutez pas les spéculations. Notre peuple est prêt, nous allons gagner. Politiquement et militairement nous savons où nous nous trouvons. Que notre peuple se fasse confiance. Nous voulons coexister pacifiquement avec les autres peuples, tel est notre fondement. La victoire des kurdes est la victoire de tous les peuples, vous pouvez en être sûr.

Il a été dit que la Russie a insisté pour que le PYD soit présent aux pourparlers de paix à Genève et que le ministre des affaires étrangères de Russie Lavror a même transmis ce message à la Turquie la semaine dernière. Les négociations à Genève vont-elles continuer avec ou sans vous ?

Nous l’avions dit dès le début. Pour que les négociations soient efficaces et ainsi ramènent la paix en Syrie toutes les forces doivent y participer. De nouvelles négociations vont avoir lieu le 15 aout, des décisions vont être prises, ceux qui veulent des solutions concrètes souhaitent inviter les kurdes. La paix en Syrie passe aussi par nous.

Dans quelle mesure l’établissement du canton va-t-il changer l’économie et la défense ?

Dans le passé, à Şehba se trouvaient majoritairement des Kurdes, mais aussi des Arabes et des Turkmènes et depuis des centaines d’années ces peuples ont été utilisés les uns contre les autres. Cette situation va changer. Şehba prendra part au modèle démocratique tout comme Minbic et Gire Spi. Ça sera un peuple formé qui sera capable de se défendre.

Comment définiriez-vous la position des forces internationales et régionales face aux cantons ?

Les cantons seront un modèle au Moyen Orient. Ils vivront au Moyen Orient comme dans les cantons qui existent en Europe, la seule différence est la région. Nous installons les communes sociales des cantons, celles-ci existent en ce moment même en Belgique. On s’étonne juste parce que nous sommes au Moyen Orient. Il n’y a rien de nouveau. Les coopératives très efficaces existent déjà chez les Catalans. Et pourquoi pas chez nous ? Nous essayons d’appliquer tout cela ici. Nous nous améliorons grâce aux expériences des autres et nous créons un changement au Moyen Orient, ce qui amènera une stabilité.

Source : Ozgur Politika

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