A l’initiative du comité de soutien pour Loup Bureau et de Reporters Sans Frontières, jeudi 24 août avait lieu un rassemblement devant la mairie du 4e pour la libération de Loup Bureau, journaliste français arrêté à Sirnak, à la frontière entre Irak et Turquie, par la police turque. Une affiche a été déployée sur la mairie pour rappeler sa situation.

Alors qu’il est relâché dans un premier temps, raconte son père, il est ré-appréhendé tout de suite après, spécifiquement à cause de sa qualité de journaliste. Depuis, Loup Bureau est incarcéré à la prison de Sirnak. Il a été mis en examen pour « appartenance à une organisation terroriste » en raison d’un reportage qu’il avait réalisé en 2013 sur les YPG kurdes au Rojava. Comme tant d’autres journalistes kurdes et turcs, c’est le simple fait d’avoir fait son métier qui lui vaut ce traitement des autorités turques. Après un mois de détention, les autorités françaises commencent à peine à esquisser un geste. Le président Macron a eu un échange avec son homologue turc, dont on ne connaît pas la teneur exacte, et devrait le recontacter. Le consulat a visité Loup Bureau.

Lors du rassemblement, son avocat, maître Pradel, a dit que personne ne voulait en arriver à appeler au boycott de la Turquie, car cela pénaliserait les habitants du pays, mais que si il le fallait, le comité de soutien en viendrait là.

Et pourtant…

Plus de 160 journalistes emprisonnés, des milliers de fonctionnaires, de syndicalistes, d’activistes ou de simples individus démis de leurs fonctions ou en prison, toute voix dissidente étouffée, des populations sous couvre-feu massacrées au Kurdistan, dans le sud-est, une société maintenue sous une chape de plomb chaque jour plus écrasante… Ces raisons ne seraient-elles pas suffisantes pour commencer à organiser un boycott économique de la Turquie ? On sait que Erdogan et ses proches possèdent de nombreux biens en Europe : des logements, des sièges sociaux d’entreprises… Un article de mediapart l’évoque, preuves à l’appui :

https://www.mediapart.fr/journal/international/240517/lincroyable-fortune-offshore-du-premier-ministre-turc-140-millions-deuros?onglet=full

Si on ne peut sans doute rien attendre d’une union européenne mouillée jusqu’au cou dans ses partenariats économiques avec la Turquie (contrats d’armement en Angleterre, par exemple), c’est à la société civile de faire pression sur les gouvernements et de dénoncer les liens économiques et politiques avec la Turquie. Des liens qui conduisent par exemple Interpol à interpeller en Europe des réfugiés politiques gravement menacés en Turquie, plutôt que les protéger.

Ainsi dans le cas de Loup Bureau, nous devons faire pression sur le gouvernement, sur les affaires étrangères, pour exiger la libération rapide et sans conditions du jeune journaliste. Car cette libération ne peut s’acquérir au détriment d’un accord qui verrait des réfugiés politiques renvoyés en Turquie, ou un quelconque renforcement du régime dictatorial en place. Cette libération doit s’obtenir en utilisant tous les moyens de pression à disposition du gouvernement, en tapant dans la bourse des dirigeants, qui s’enrichissent alors que l’économie du pays est en train de sombrer et qu’ils l’entraînent chaque jour un peu plus vers un régime totalitaire – gels d’avoir, dénonciation de contrats… Et les sanctions contre le régime turc doivent continuer jusqu’à ce que tous les journalistes, qu’ils soient européens, kurdes ou turcs, soient libérés.

Comité de soutien pour Loup Bureau : https://www.facebook.com/FreeLoupBureauTurkey/

Par LOEZ

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