Caricature de Bashar al Assad

Eh Bashar, tu dis que les Kurdes syriens appuyés par des pays étrangers sont des traîtres et tu as raison. Ces ingérence extérieures en Syrie et ceux qui en profite sont impardonnables. Tu connais bien le sujet, tu sais de quoi tu parles. Et on ne peut vraiment pas faire confiance à des personnes soutenues depuis l’étranger. Les conflits propres à la Syrie doivent se résoudre entre Syriens. Le linge sale se lave en famille, c’est bien connu. Heureusement que tu es là, cavalier sabre au clair sur son fier destrier capable de restaurer seul et sans assistance son autorité légitime sur le pays légué par son père. Une autorité presque innée, charisme porté par la peur et l’effroi que tu inspires à ton peuple depuis trop d’années. Ceux que tu devrais protéger te craignent, c’est vrai. Mais ils te respectent peu et chaque jour qui passe, ils te respectent encore un peu moins.

Tes propensions au mensonge et à l’hypocrisie, vomies sans trembler sur les médias qui te sont acquis sont admirables, toi qui ne doit ton salut qu’au soutien de tes amis russes, libanais et iraniens.

Sans eux, ton régime aurait déjà rejoint dans les bas-fonds de l’Histoire les dictatures renversées ici et là au fil des siècles par les vents épris de liberté des soulèvements populaires. Et tu qualifie sans trembler ceux qui bénéficient d’appuis extérieurs de traîtres ? Tu n’as vraiment honte de rien docteur et tes déclarations feraient rire le monde entier si elles ne survenaient pas suite à la mort de centaines de milliers de Syrien.nes et à l’exil de millions d’autres.

Si l’on suit ton raisonnement, tu serais donc ton propre traître ou celui de la Syrie, bien que dans ton esprit l’un et l’autre ne semble guère différent. La Syrie est une propriété de la famille Assad, bientôt elle ne le sera plus. Il faut te faire à l’idée de partager le pouvoir, de baisser les armes, même tes plus fidèles alliés ne te suivront pas indéfiniment dans tes délires violents et sanglants.

Aujourd’hui tu fanfaronnes et déblatères ta rhétorique guerrière. Ton langage belliqueux n’a d’égal que celui de ton voisin turc avec qui tu partages peut-être de sombres plans pour l’avenir de la Fédération démocratique de la Syrie du Nord. Quitte à oublier que ton alter-ego d’Ankara qui se rêve chaque nuit en néo-sultan occupe une partie de la Syrie et en viole la souveraineté.

Bashar, tu es ophtalmo mais tu ne vois plus rien, les yeux maculés du sang du peuple syrien. Cela fait bien longtemps que tu as troqué ta blouse blanche pour un tablier de boucher que tu portes il est vrai, à la perfection. Quand tu t’es senti vacillé en 2011, tu as libéré des centaines de prisonniers de ton abattoir favori, la prison de Sednaya. Relâcher ces extrémistes religieux avec les résultats que l’on connait, voici à quoi ressemble la trahison, la vraie. Tu es un barbare prêt à tout pour se maintenir au pouvoir mais il faut bien reconnaître que tu es malin. Tu as réussi à déposséder le peuple syrien de sa révolution en contribuant à lui donner le visage hideux du fanatisme qui n’est l’apanage d’aucune religion.

Aujourd’hui tu t’en prends verbalement aux Kurdes et désire plus que tout mettre à terre cette autre révolution qu’ils ont initiée dans le nord de la Syrie, rejoints dans leur projet par des Arabes, des Turkmènes, des Tchétchènes, des Assyriens… C’est marrant, on t’a connu beaucoup moins menaçant à l’égard de ces traîtres de Kurdes lorsque ton régime était sur la défensive, au bord du gouffre. Tu t’accommodais fort bien de leur présence et ce ne sont pas tes troupes retranchées depuis plusieurs années à Hassaké et Qamishlo qui diront le contraire.  Il serait pourtant raisonnable de discuter et négocier, de parvenir à un accord qui puisse contenter toutes les parties et éviter que le sang ne coule encore un peu plus dans les plaines de Mésopotamie. Mais il a l’air plus compliqué pour toi Bashar de dialoguer que de trahir.

Tu te sens pousser des ailes avec les victoires militaires de ces derniers temps, oubliant un peu vite qu’elles ont été acquises grâce aux interventions de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah libanais. Tu argueras sans doute que tu n’avais pas le choix, que tu n’as fait que répondre aux traitres soutenus par des capitales étrangères en appelant à l’aide d’autres capitales. Car ton armée est d’une faiblesse sans nom, elle t’a désavoué dans les grandes lignes en désertant massivement depuis 2011. Tu es tributaire et dépendant de la bonne volonté de pays étranger dont on aperçoit sans peine les grosses ficelles au-dessus de toi. Tu n’es qu’une marionnette, certes agitée et difficile à manier mais tu restes une marionnette, qui fait hurler et pleurer.

Quand tu parles de traîtres kurdes téléguidés depuis l’étranger et au regard de ta situation personnelle, il est possible de croire que tu fais de l’humour. Cependant, tout le monde sait bien que tu es davantage un adepte des massacres de masse que du second degré et de l’ironie. Cette Syrie mise à feu et à sang à une époque où l’on n’imaginait plus que de telles atrocités à si grande échelle puissent encore subvenir, tu en es responsable. Bien sûr, tu ne portes pas seul ce poids qui doit te paraître aussi lourd qu’une plume. Cela dit docteur, tu devrais être jugé par un tribunal international que je souhaiterais pour ma part aussi expéditif et sans appel que tu l’as été dans la gestion de la Syrie depuis bientôt sept ans. Ton cas nous concerne tous. Ce n’est pas seulement le peuple syrien que tu as trahi, c’est l’Humanité.

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