Le parquet d'Ankara a ouvert une enquête pour « propagande terroriste », en relation avec des slogans utilisés lors du dernier congrès du HDP
Le Congrès du HDP qui s'est tenu dimanche 3 juillet à Ankara a réuni une dizaine de milliers de personnes

Le procureur général d’Ankara a ouvert une enquête pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste ». Les faits visés sont relatifs à des slogans utilisés lors du dernier congrès du HDP.

Le parquet d’Ankara a ouvert une enquête pour « propagande terroriste » concernant des slogans utilisés lors du congrès du Parti démocratique des Peuples (HDP) qui s’est tenu dimanche dans la capitale turque. Comme les autorités l’ont annoncé dimanche soir, quatre personnes ont déjà été placées en garde à vue dans le cadre de cette enquête. Selon le parquet, des investigations sont encore en cours pour identifier tous les suspects.

D’autres arrestations sont donc attendues dans tout le pays dans les jours à venir. Le parquet n’a pas précisé quels étaient les slogans visés. Mais l’on suppose que « Bijî Serok Apo » en fait partie. Ce slogan en kurde, qui signifie « vive le leader Apo » a été abondamment scandé par l’auditoire du congrès qui comprenait une dizaine de milliers de personnes. Apo est le surnom donné à Abdullah Öcalan, chef du mouvement de libération kurde, emprisonné sur l’île-prison d’Imrali depuis 1999.

Lors de son congrès, le HDP a réclamé la levée du régime d’isolement sur Imrali et exhorté les autorités turques à entamer des négociations avec Öcalan afin de parvenir à une solution politique à la question kurde. Ces demandes ont été accueillies par la foule avec le slogan « Bijî Serok Apo ». Il n’est pas rare que les personnes qui utilisent cette expression soient poursuivies, jugées et condamnées dans le cadre de la législation antiterroriste turque.

Slogan couvert par la liberté d’expression

Pourtant, la Cour constitutionnelle turque avait jugé dans un arrêt de mars 2020 que le slogan kurde « Bijî Serok Apo » était couvert par la liberté d’expression. La décision indiquait en outre que l’incrimination de cette expression en tant que propagande terroriste était susceptible de restreindre d’autres droits et libertés constitutionnels. Quelques mois avant la décision surprenante de la Cour constitutionnelle turque, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) avait condamné la Turquie pour violation du droit à la liberté d’expression dans une affaire où deux militants avaient été condamnés à des amendes pour avoir scandé « Bijî Serok Apo ».

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