Militantes kurdes assassinées à Paris en janvier 2013 : Le CDK-F appelle à manifester contre l’impunité
Manifestation vérité et justice pour les trois militantes kurdes assassinées. Le 12 janvier 2019, Paris.

7 ans se sont écoulés depuis que les militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan (Rojbîn) et Leyla Saylemez ont été froidement exécutées en plein cœur Paris. Dénonçant l’impunité de ces « crimes politiques », le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) appelle à une manifestation, samedi 11 janvier 2020.

Le mercredi 9 janvier 2013 est gravé à tout jamais comme une date noire dans l’histoire du peuple kurde. Trois femmes, militantes, kurdes, ont été exécutées ce jour-là dans les locaux du Centre d’Information du Kurdistan, au 147 rue La Fayette, à quelques pas de la Gare du Nord. Ces meurtres ont suscité colère et émoi dans la diaspora kurde, au Kurdistan et au-delà. 

7 ans après, la France n’a toujours pas fait la lumière sur ces crimes, malgré les preuves accablantes pointant la responsabilité des Services de Renseignement turcs (MIT). Dénonçant l’impunité « inadmissible » de ces « crimes politiques », le CDK-F a appelé dans un communiqué à un grand rassemblement samedi 11 janvier.

Voici l’intégralité de ce communiqué :

« Dans la nuit du 9 au 10 janvier 2013, les corps des militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan (Rojbîn) et Leyla Saylemez ont été retrouvés sans vie, au 147 rue La Fayette, à Paris, dans les locaux du Centre d’Information du Kurdistan. Elles avaient été froidement exécutées de plusieurs balles dans la tête.

Nombre d’indices révélés par l’enquête ont font apparaître que le meurtrier présumé, Ömer Güney, arrêté quelques jours après les meurtres, avait agi pour le compte des services secrets turcs (MIT), comme le confirme le réquisitoire du Procureur de la République dans cette affaire : « de nombreux éléments de la procédure permettent de suspecter l’implication du MIT dans l’instigation et la préparation des assassinats. »

Cependant, la mort, le 17 décembre 2016, de l’assassin présumé a empêché la tenue de son procès qui devait commencer le 23 janvier 2017 devant la Cour d’assises. Bien qu’informée des graves problèmes de santé de Güney, la justice française avait différé la tenue de ce procès, manquant ainsi une occasion cruciale de juger, enfin, un crime politique commis sur le territoire français ! Depuis les années 60, pas moins de 43 assassinats politiques ont été commis sur le sol français. A ce jour, ils sont tous impunis !

La promesse du gouvernement de l’époque de faire toute la lumière sur ces assassinats a très vite été jetée aux oubliettes. Toujours soucieuses de préserver leurs relations avec la Turquie, les autorités françaises n’ont même pas eu la décence de recevoir les familles des victimes, ni les représentants de la communauté kurde.

Il faut dire que les intérêts politiques et économiques de la France sont bien supérieurs à la justice. D’ailleurs, non contente de maintenir l’impunité de ces crimes politiques, la France n’hésite pas à prendre des mesures répressives à l’encontre des activistes associatifs kurdes, à chaque fois qu’elle signe de gros contrats avec la Turquie.

A l’issue d’une session “sur la Turquie et le peuple kurde”, tenue à Paris les 15 et 16 mars 2018, le Tribunal Permanent des Peuples (TPP), juridiction internationale indépendante des États, a reconnu la responsabilité directe de l’État turc dans le meurtre des trois militantes kurdes. Le TPP s’est fondé notamment sur des révélations de deux agents du MIT capturés par le PKK, affirmant que l’exécution des trois femmes avait été planifiée par de hauts responsables de l’agence du renseignement turc.

Suite à une plainte déposée en mars 2018 par les familles des trois militantes kurdes, fondée notamment sur les révélations des agents du MIT, un juge d’instruction a été récemment saisi du dossier. Il est à espérer que la justice française aura, cette fois, le courage d’identifier et condamner les commanditaires de ces assassinats politiques.

La mort du meurtrier présumé n’entame en rien notre détermination à lutter pour la vérité et la justice !

Le ou l’un des exécutants est mort, mais les commanditaires sont toujours vivants et libres ! Ils sont au pouvoir en Turquie !

7 ans après, le silence des autorités françaises est inadmissible ! Nous exigeons d’elles toute la lumière sur ces assassinats et, enfin, la justice ! »

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