Une banderole de Zeki Shengalî (de son vrai nom, Ismail Ozden) que les yézidis appelaient affectueusement Mam (oncle en kurde) a été assassiné le 15 août à Shengal (Sinjar), en Irak.

Samedi 18 août, partout au Kurdistan et dans de nombreuses villes du monde, ont eu lieu des manifestations pour condamner l’attentat perpétré par l’armée turque le 15 août à Shengal et rendre hommage à Zekî Shengalî, dirigeant yézidi visé par l’attentat. Le même jour, ont été organisées à Shengal les funérailles de « l’oncle des yézidis ».

Zeki Shengalî (de son vrai nom, Ismail Ozden) que les yézidis appelaient affectueusement Mam (oncle en kurde) a été assassiné le 15 août à Shengal (Sinjar en arabe), en Irak. Le véhicule qu’il avait pris au sortir d’une cérémonie à la mémoire des victimes du massacre de Kocho (village yézidi attaqué par Daesh le 15 août 2014) a été ciblé et détruit par une frappe aérienne de l’armée turque.

Zeki Şengalî naît en 1952 dans un village de la province de Batman, au Nord-Kurdistan. A l’âge de 17 ans, il quitte son village natal pour rejoindre ses frères en Allemagne, plus exactement dans la ville de Celle où vit une importante communauté yézidie.

SA RENCONTRE AVEC LE PKK ET SON ENGAGEMENT DANS LE MOUVEMENT DE LIBÉRATION KURDE

Dès son arrivée en Allemagne, il commence à travailler comme ouvrier. En 1978, il rencontre des sympathisants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) qui venait tout juste d’être fondé. C’est alors qu’il lit le manifeste de la fondation du PKK, la route vers la révolution kurde. Profondément marqué par les idées du jeune mouvement, il va progressivement s’en rapprocher.

Avec un groupe d’amis yézidis qui travaillent dans la même usine que lui, il fonde en 1981 la première association kurde de Celle, Komeleya Karkerên Welatparêz ên Kurdistanê (Association des Travailleurs patriotiques du Kurdistan).

En 1983, Zeki Şengalî se rend pour la première fois dans les zones où est basée la guérilla kurde. Deux ans plus tard, en 1985, il s’y rend de nouveau. Il va rencontrer alors le chef du PKK, Abdullah Ocalan.

C’est suite à cette dernière visite qu’il décide de s’engager pleinement au sein du mouvement pour la libération du Kurdistan.

Son fils Sîpan suit  son exemple quelques années plus tard. En 1992, il tombera martyr à Mardin, dans un affrontement avec l’armée turque

Après un séjour dans les montagnes du Kurdistan à partir de 1993, Zekî Şengali est retourne en Europe où il va militer jusqu’à l’arrestation en 1999 du Leader kurde Abdullah par la Turquie. Il retourne alors de nouveau dans les montagnes du Kurdistan qu’il aime tant.

Départ pour Shengal après le massacre du 3 août 2014

Suite à l’invasion de Shengal par Daesh le 3 août 2014 et aux massacres perpétrés contre les Yézidis, Şengalî se rend dans cette région où il travaille sans relâche pour la défense de la communauté yézidi et la création d’une entité autonome qui permettrait à celle-ci de jouir pleinement de ses droits. 

Son assassinat provoque émotion et colère partout au Kurdistan, ainsi que dans toute la diaspora kurde et yézidie. 

« Nous condamnons cette attaque lâche et sordide, mais nous ne nous contenterons pas de la condamner, nous promettons de venger notre camarade Zeki », a déclaré Murat Karayilan, commandant des HPG (Forces de Défense du Peuple), au lendemain de l’assassinat.

Les funérailles de Mam Zekî organisées à Shengal samedi 18 août sont suivies par une foule immense venue rendre un dernier hommage à celui qui a consacré toute sa vie à la cause kurde et yézidie. 

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