L'organisation médicale pour la paix IPPNW a publié un rapport sur l'utilisation d'armes chimiques par la Turquie au Sud-Kurdistan
Dans un rapport sur l'utilisation d'armes chimiques au nord de l'Irak, l'ONG IPPNW relève des indices d'utilisation par la Turquie d'agents chimiques interdits dans le cadre de ses opérations militaires au Sud-Kurdistan

L’organisation médicale pour la paix IPPNW a publié un rapport sur l’utilisation d’armes chimiques par la Turquie dans la région du Sud-Kurdistan. L’ONG demande une enquête internationale indépendante.

L’organisation internationale des Médecins pour la Prévention de la Guerre nucléaire (IPPNW) a publié un rapport sur de possibles violations de l’interdiction des armes chimiques par la Turquie lors d’attaques contre des civils kurdes et des combattants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l’Irak, autrement dit au Sud-Kurdistan. Selon ce rapport, il existe des indices qui confirment en partie les soupçons. Les auteurs du rapport demandent une enquête internationale immédiate et indépendante afin d’approfondir les recherches et empêcher de futures violations de l’interdiction des armes chimiques par la Turquie.

« Depuis plus d’un an, les Kurdes accusent la Turquie d’avoir utilisé des agents chimiques. Jusqu’à présent, il n’y avait pas de preuves claires à ce sujet – même les indices indirects de cette allégation faisaient défaut. Ceux-ci viennent d’être fournis par une délégation de l’IPPNW composée de médecins allemands et suisses. Dans leur rapport publié aujourd’hui, les auteurs font référence à l’utilisation de gaz lacrymogènes ainsi que d’agents chimiques improvisés comme le chlore », fait savoir l’IPPNW.

L’ancien inspecteur des Nations Unies sur les armes biologiques, le Dr Jan van Aken, et le Dr Josef Savary, président d’IPPNW Suisse, se sont rendus du 20 au 27 septembre dans la région du Kurdistan irakien (KRG) pour enquêter sur l’utilisation d’armes chimiques. « Les déclarations du ministre turc de la Défense constituent en soi une violation évidente de la Convention sur les armes chimiques. Dans son discours devant le Parlement turc, il décrit l’utilisation de gaz lacrymogènes dans un conflit purement militaire. Dans une telle situation, les gaz lacrymogènes sont effectivement interdits. La Convention sur les armes chimiques (CIAC) ne prévoit qu’une exception pour l’utilisation de ces gaz dans le cadre du maintien de l’ordre, c’est-à-dire lors des manifestations », explique le Dr Jan van Aken, membre du conseil scientifique d’IPPNW Allemagne.

Face à cette violation, les Etats parties à la CIAC pourraient entamer des consultations avec le gouvernement turc en invoquant l’article IX, paragraphe 1 de la convention. Des mesures pourraient en outre être prises dans le cadre des Nations unies afin d’empêcher de futures violations de l’interdiction des armes chimiques par la Turquie.

Les indices d’une possible utilisation d’agents chimiques improvisés, comme le chlore gazeux, exigent en outre une enquête immédiate sur toutes les allégations. Ainsi, les indices existants ne sont certes pas suffisants pour prouver effectivement l’utilisation d’armes chimiques, mais ils sont suffisamment forts pour justifier une enquête internationale indépendante par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). Il incomberait désormais aux États parties à la convention d’en faire la demande.

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