Mardi, lors d’un match de la Ligue des champions entre Istanbul Başakşehir et le Paris Saint Germain, Başakşehir s’est retiré du terrain. Le match a été suspendu après que le quatrième arbitre, Sebastian Coltescu, ait tenu des propos racistes contre Pierre Webo, un membre de l’équipe technique de Başakşehir. 

Les dirigeants cyniques de la Turquie ont essayé de récupérer cet incident, comme toujours, en utilisant la carte de la victimisation. 

L’équipe de Tayyip Erdoğan, Başakşehir, a été un outil utile pour cela. D’un seul coup cynique, tous les problèmes de la Turquie sont oubliés. Le gouvernement, l’opposition, les municipalités, les syndicats et les associations professionnelles se sont tous unis contre le racisme ( !?) avec des “sentiments d’unité et d’intégrité nationale”. 

Le journal Hurriyet, dont le logo porte l’inscription « La Turquie appartient aux Turcs ! », a titré « Scandale du racisme ! » 

Tayyip Erdogan, qui a pourtant toujours eu un comportement raciste, a déclaré : « Nous sommes toujours contre le racisme et la discrimination dans le sport et dans tous les domaines de la vie ». 

Ekrem İmamoğlu [Maire CHP d’Istanbul] qui soutient l’occupation d’Afrin et du nord de la Syrie par la Turquie a également réagi instantanément au racisme survenu pendant le match en France. 

Des clubs de football comme Galatasaray, Fenerbahçe, Beşiktaş et Trabzonspor, qui pratiquent régulièrement divers types de racisme dans les stades en Turquie, deviennent instantanément antiracistes. 

C’est un sujet très profond qui ne peut s’expliquer par des mots tels que hypocrisie et fraude. 

Rien que ces dernières années, en Turquie, des personnes ont été lynchées pour avoir écouté de la musique kurde, des personnes ont été assassinées parce qu’elles avaient répondu oui à la question « Êtes-vous kurde », des personnes ont été battues pour avoir parlé kurde au téléphone. 

L’État turc soutient ces attaques racistes en ne punissant jamais, au grand jamais, les personnes qui commettent ces crimes racistes. 

Le vrai problème, ce sont ces soi-disant démocrates, écrivains, artistes, politiciens qui ne voient pas leur propre racisme mais condamnent le racisme ailleurs. 

Le racisme, c’est l’election de la maire métropolitaine d’Aydin, Özlem Çerçioğlu, au Conseil présidentiel du CHP lors du 37e congrès du parti. Çerçioğlu a ouvertement soutenu l’occupation d’Afrin par la Turquie et ses mercenaires ; elle a même payé pour que son nom soit inscrit sur un missile qui a été lancé sur les civils d’Afrin lors de l’opération d’invasion en 2018. 

Cette année, 13 familles kurdes de Derik, venues travailler dans le quartier de Çekerek à Yozgat, ont été attaquées le 18 juillet. Les attaquants étaient le chef du village et les habitants du quartier. Ils ont dit aux villageois kurdes : « Nous ne vous laisserons pas vivre ici ». Aucun des soi-disant « antiracistes », que ce soit Tayyip [Erdogan], İmamoğlu ou un autre, n’ont prononcé un seul mot pour condamner ces attaques racistes. 

Au début du mois de septembre de cette année, 16 travailleurs kurdes, qui se rendaient de Mardin Mazıdağı à Sakarya pour ramasser des noisettes, ont été attaqués par des villageois. 

« Pensez-vous que c’est votre pays, vous êtes une meute de chiens », ont dit les villageois turcs aux travailleurs kurdes. 

Les travailleurs kurdes sont retournés dans leurs villes après l’agression. Bien que des photos et des vidéos de l’attaque aient été publiées, aucune de ces personnes qui condamnent le racisme en France n’a condamné cet incident. 

Les personnes qui s’intéressent au football antiraciste devraient regarder les matchs d’Amedspor [équipe de football kurde de Diyarbakir]. Ils y verront ce qu’est le racisme. 

Le racisme ne se limite pas à la politique de l’État et du gouvernement en Turquie. Les masses aussi sont racistes dans ce pays. 

La République de Turquie, depuis sa création, a toujours été un État raciste à l’égard des Kurdes, des Arméniens, des Circassiens, des Grecs, des Assyro-Chaldéens. 

Ce fait est largement connu. Le problème principal est le racisme social, répandu, qui est nié et ignoré. C’est le fascisme des masses. 

Les personnes qui se disent contre le racisme ne sont pas seulement responsables de ce qu’elles disent ou ne disent pas ; elles sont également coupables de ne pas prendre position contre le racisme à propos de ce qu’elles voient, regardent et entendent. 

C’est pourquoi la condamnation du racisme en France par la Turquie est un mensonge, une hypocrisie flagrante. 

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