S'exprimant sur la chaine de télévision kurde, Stêrk-TV, Sabri Ok du Comité exécutif de l'Union des communautés du Kurdistan (KCK) a évalué les développements actuels dans les zones controlées par les guérilleros du PKK, dans le Sud-Kurdistan (Irak).
Sabri Ok, membre du Conseil exécutif de l'Union des communautés du Kurdistan (KCK)

S’exprimant sur la chaine de télévision kurde, Stêrk-TV, Sabri Ok du Conseil exécutif de l’Union des communautés du Kurdistan (KCK) a évalué les développements actuels dans les zones controlées par les guérilleros du PKK, dans le Sud-Kurdistan (Irak).  

M. Ok a décrit l’invasion à grande ampleur du Sud-Kurdistan, qui se poursuit par l’opération militaire turque depuis le 23 avril, comme faisant partie de la tentative de mise en œuvre d’une « méthode sri-lankaise ».

« Cette méthode fait référence à l’anéantissement total du mouvement kurde, comme le modèle du génocide perpétré contre les Tigres de libération de l’Ilam Tamoul (LTTE) et la population tamoule de l’Ilam tamoul (Sri Lanka) ».

Dans ce contexte, Sabri Ok a particulièrement pointé du doigt les bombardements massifs des zones controlées par les guérilleros du PKK et l’utilisation d’armes chimiques par la Turquie. 

« Le chef du régime turc, Erdogan, a annoncé l’attaque de la région de Garê comme une ‘bonne nouvelle’. Cependant, cette attaque s’est terminée par un désastre pour l’État turc qui veut maintenant compenser la défaite de Garê par les attaques sur Zap, Metina et Avashin », a-t-il déclaré.  

Et d’ajouter : « Nous nous doutions déjà que l’alliance fasciste AKP/MHP au pouvoir en Turquie, ne serait pas satisfaite après le résultat à Garê et s’en tiendrait à sa politique d’anéantissement. Et nous n’avions pas eu tort. Actuellement, ils mènent une attaque généralisée contre Zap, Metina et Avashin. Le but de cette vague d’attaques est de séparer le nord-Kurdistan (Turquie) du sud-Kurdistan (Irak), de déplacer les civils qui habitent dans cette région et de repousser la guérilla kurde dans un coin ».

Les puissances internationales ont donné leur feu vert à l’attaque

M. Ok a souligné que l’attaque d’invasion contre les régions du Sud-Kurdistan a été menée avec le consentement des puissances internationales. Il a notamment souligné le rôle de la Grande-Bretagne et rappelé que déjà dans les années 1990, avant la mise en œuvre du concept de guerre d’extermination, le chef d’état-major turc de l’époque, Doğan Güreş, s’était rendu en Grande-Bretagne pour demander leur accord. 

« Après cette rencontre, Güreş avait déclaré : ‘Nous avons reçu la permission de faire tout ce qui est possible contre le PKK’. Par la suite, des milliers, parmi lesquels des entrepreneurs, des journalistes, des intellectuels et des patriotes kurdes ont été assassinés. Aujourd’hui, ils ont reçu une permission similaire et sont ensuite passés à l’attaque. Le gouvernement irakien, par son silence, a également donné son accord. Le Gouvernement régional du Kurdistan et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) sont de toute façon ouvertement impliqués dans cette affaire », a indiqué le membre exécutif de la KCK. 

L’État turc utilise des djihadistes de l’État islamique et d’Al-Nusra

Sabri Ok a indiqué que la Turquie utilisait des djihadistes syriens de l’Etat islamique (EI) et d’Al-Nusra comme troupes contre la guérilla kurde au Sud-Kurdistan, rappelant les propos du ministre turc de l’Intérieur Suleyman Soylu qui avait déclaré : « Notre objectif est le même qu’en Syrie. Nous sommes venus pour rester en Irak ». 

M. Ok a prévenu que l’État turc envisageait d’annexer les régions attaquées, soulignant : « Le territoire irakien est bombardé 24 heures sur 24 et la Turquie affirme vouloir rester dans la région. Mais les responsables du gouvernement irakien ne demandent pas à la Turquie ce qu’elle fait ici. En ce qui concerne Shengal (Sinjar), le gouvernement irakien ne cesse de parler d’intégrité territoriale, mais pourquoi l’Irak reste-t-il silencieux face à l’invasion de son territoire ? L’État turc est encouragé par le silence des puissances régionales. »

Ne faites pas obstacle aux protestations contre l’invasion

S’adressant au Gouvernement régional du Kurdistan, M. Ok a déclaré : « La seule force au Moyen-Orient qui peut résister et lutter contre les attaques de l’État turc est le PKK. Jusqu’à un certain point, il est compréhensible que vous ne combattiez pas l’État turc, mais n’empêchez pas le peuple du Sud-Kurdistan (Irak) de protester contre les attaques. Les guérilleros sont l’assurance du Sud-Kurdistan, et nous savons à quel point ils sont aimés par la population. »

Critiquer la perspective mensongère de vos gouvernements

Ok a également critiqué la classification du PKK sur la liste des organisation terroriste, et dans ce contexte, plus particulièrement l’Allemagne et les États-Unis : « A quelles actions terroristes participent les activistes kurdes en Allemagne pour que vous les considériez comme terroristes ? Les États-Unis désignent nos trois amis (Cemil Bayık, Murat Karayılan et Duran Kalkan) de terroriste. Ces amis ont vaincu l’EI grâce à leur combat. Si l’EI n’avait pas été vaincu, l’Allemagne, l’Angleterre et les États-Unis seraient-ils en sécurité ? ».

Le membre du Conseil exécutif de l’Union des communautés du Kurdistan, Sabri Ok a conclu par l’appel suivant : « Je m’adresse aux politiciens et aux intellectuels de ces pays. Percevez et critiquez cette perspective fallacieuse de vos gouvernement. La question kurde est une question internationale, si ce n’était pas le cas, nous l’aurions déjà résolue des dizaines de fois. »

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