Le HDP a lancé un appel urgent à l'action pour Aysel Tugluk et les prisonniers malades en Turquie.
Aysel Tugluk (à gauche), dans la prison de Kandira, en compagnie de deux codétenues, Figen Yuksekdag, ancienne coprésidente du HDP et Sebahat Tuncel, ancienne députée du HDP

Le HDP a lancé un appel urgent à destination de la communauté internationale pour Aysel Tugluk et les prisonniers malades en Turquie.

Feleknas Uca et Hişyar Özsoy, co-porte-parole du Parti démocratique des Peuples (HDP) pour les affaires étrangères, ont lancé un appel à « la communauté internationale, en premier lieu au Comité pour la Prévention de la Torture (CPT) et aux autres organes pertinents du Conseil de l’Europe et de l’ONU, ainsi qu’aux organisations des droits humains », leur demandant d’agir immédiatement pour Aysel Tugluk et tous les prisonniers malades dans les prisons turques, avant qu’il ne soit trop tard. « Il a déjà été trop tard pour trop de personnes », soulignent les représentants du HDP.

Cet appel fait suite à une déclaration antérieure du HDP alertant sur l’état de santé dégradé de l’ancienne députée emprisonnée du HDP, Aysel Tugluk.

Tugluk a été arrêtée sur de fausses « accusations de terrorisme » en décembre 2016, a déclaré le HDP, ajoutant qu’ « elle souffre de troubles de la mémoire qui se sont aggravés au cours de son emprisonnement. »

« Comme nous l’avons souligné à plusieurs reprises dans nos déclarations, ajoute le communiqué, les prisons turques sont devenues des centres de mauvais traitements et de torture. La communauté internationale est bien consciente des conditions de détention inhumaines et de l’isolement extrême dans la prison de l’île d’Imrali, qui ont également été soulignés par le CPT dans ses différents rapports sur la Turquie. De nombreux prisonniers à travers la Turquie vivent dans des conditions similaires d’isolement extrême, de torture et de mauvais traitements, qui ont été encore exacerbées pendant la pandémie. De telles conditions ont conduit à des suicides dans les prisons et à la mort de prisonniers malades. »

Le HDP a rappelé que « selon les organisations des droits humains, il y a actuellement plus de 1 600 prisonniers malades en Turquie. Les mauvais traitements sont si répandus que les prisonniers malades quittent les prisons dans des cercueils ou perdent la vie quelques jours seulement après leur libération. Des centaines d’autres prisonniers malades, comme Aysel Tugluk, ne sont pas libérés et sont condamnés à mourir en prison sur la base des rapports à motivation politique de l’institut médico-légal. Ainsi, ces dernières semaines ont été marquées par une série de décès en prison. »

La situation d’Aysel Tugluk

Le communiqué se poursuit ainsi : « En 2017, Tugluk a perdu sa mère. La cérémonie funéraire à Ankara a été attaquée par une foule raciste, et le corps de sa mère a dû être transporté dans sa ville natale, Dersim, pour y être enterré. Peu de temps après la disparition de sa mère et le traumatisme de cette attaque, Tugluk a commencé à avoir des problèmes de santé. Elle a souvent dit à sa famille et à ses avocats qu’elle ne voulait pas qu’on en parle, mais son état a continué à se détériorer.

Souffrant de pertes de mémoire croissantes, Tugluk est devenue incapable de prendre soin d’elle-même. Le 15 mars, l’hôpital universitaire de Kocaeli a diagnostiqué chez elle de graves troubles de la mémoire. Dans son rapport final, publié le 12 juillet, le département des sciences médico-légales de l’université a déclaré que la maladie pourrait progresser, qu’il pourrait y avoir des problèmes concernant le soutien et les soins médicaux, et qu’il n’était pas possible pour Tugluk de continuer à vivre sans aide. Tugluk a alors été orientée vers l’Institut de médecine légale (ATK), qui est une agence du ministère de la Justice. Après seulement deux heures d’examen, l’Institut a conclu que Tugluk “peut poursuivre l’exécution de sa peine en prison avec un traitement et des contrôles réguliers”. Sur la base de ce rapport, le bureau du procureur a rejeté une demande de report de l’exécution de la peine de Tugluk.

Le 21 décembre, les avocats de Tugluk ont demandé un troisième rapport, demande qui a été acceptée. Un comité a été mis en place à l’hôpital d’État de Kocaeli pour procéder à un réexamen de sa situation.

Le 24 décembre, la coprésidente du HDP, Mme Pervin Buldan, a rendu visite à Aysel Tugluk dans la prison de type F de Kandıra. Buldan a constaté que Tugluk était incapable de subvenir à ses propres besoins. Elle a observé qu’elle avait des difficultés à parler et à reconnaître les gens, et qu’il y avait des limitations dans ses mouvements. »

La déclaration du HDP rappelle également les récents décès en prison : « Vedat Erkmen, qui purgeait une peine de prison à vie, a été retrouvé mort dans sa cellule de la prison de Tekirdag le 19 décembre. L’administration pénitentiaire a déclaré qu’il s’agissait d’un suicide.

Deux jours plus tôt, un autre prisonnier du nom de Ilyas Demir, également condamné à la perpétuité, a été retrouvé mort dans sa cellule. Il souffrait de troubles mentaux.

Quelques jours avant, Halil Gunes, qui purgeait une peine à perpétuité dans la prison de Diyarbakır, a été retrouvé mort dans sa cellule. Ses appels pour être libéré en raison de son cancer avaient été rejetés.

Abdulrezzak Suyur, un autre malade du cancer, a perdu la vie dans la province d’Izmir le même jour.

Le 9 décembre, Garibe Gezer, une femme politique kurde de vingt-huit ans détenue à la prison de Kandıra, a été retrouvée morte dans une cellule où elle avait été placée à l’isolement.

L’administration pénitentiaire a déclaré qu’elle s’était suicidée. Gezer avait précédemment déclaré qu’elle avait été abusée sexuellement et torturée par des gardiens de prison. Vingt-deux députées du HDP ont porté ces rapports de torture et d’abus sexuels à l’attention du Parlement et du ministre de la Justice, mais en vain. »

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