La visite récente des hauts-responsables militaires turcs à Bagdad et Hewlêr, un prélude à une nouvelle attaque contre le PKK.
Le ministre de la défense turc et le chef d'état-major de l'armée turque ont rendu visite mardi 19 janvier au président du KRG, Neçîrvan Barzanî, à Hewlêr

Commentant la visite récente des hauts-responsables militaires turcs à Bagdad et Hewlêr, le politologue Kamuran Berwarî a estimé qu’il s’agissait là d’un prélude à une nouvelle attaque contre le PKK.

Kamuran Berwarî, professeur à l’université de Dohuk, a commenté pour l’agence de presse kurde Firat News (ANF) la visite récente à Bagdad et Hewlêr (Erbil) du ministre turc de la défense Hulusi Akar, accompagné du chef d’état-major de l’armée turque Yaşar Güler et du chef des services de renseignement turcs (MIT) Hakan Fidan.

Soulignant que le processus de conflit, de crise et de chaos est une situation prévisible, M. Berwarî a déclaré que la politique de l’État turc au Moyen-Orient est un élément général pour maintenir le peuple kurde et le Kurdistan sous pression.

« L’Irak et la Turquie, a-t-il observé, semblent s’être mis d’accord sur certains plans stratégiques à la suite de la visite du Premier ministre irakien Mustafa al-Kadhimi à Ankara. En conséquence, la Turquie fait de l’Irak son arrière-cour dans le cadre de son plan d’occupation complète du Sud-Kurdistan d’ici la fin 2021. »

L’universitaire estime que la visite récente des autorités militaires turques en Irak annonce, à court terme, une attaque contre le Sud-Kurdistan. Selon lui, la zone de guerre actuelle risque de s’étendre à de larges régions du Sud-Kurdistan.

« Le gouvernement central irakien et les partis au pouvoir au Sud-Kurdistan préparent une occupation des régions concernées, dans le cadre de leur coopération avec la Turquie, a souligné M. Berwarî. La visite de la délégation turque composée essentiellement de l’aile militaire était destinée à mettre en place les préparatifs finaux pour la mise en œuvre du plan. »

L’objectif est de neutraliser la guérilla du PKK, sinon de l’éliminer

Berwarî a fait remarquer que l’État turc avait subi une grande défaite face au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), en particulier à Heftanîn, et que la guerre planifiée visait à détruire la guérilla du PKK et affaiblir son influence ou son pouvoir. « Bien sûr, pour ce faire, il faut tout d’abord réaliser les plans concernant Shengal », a-t-il ajouté.

À cette fin, il est prévu de soutenir le gouvernement central de Bagdad et le Gouvernement régional du Kurdistan (KRG) dirigé par le clan Barzani, ainsi que certaines forces soutenues par la Turquie (des forces arabes, des résidus de Daesh et des groupes liés au Front Turkmène), a encore souligné le politologue.

Israël interviendra également

Soulignant que le plan prévoit la neutralisation par Israël des groupes affiliés à l’Iran, Berwarî a poursuivi : « Le plan prévoit le nettoyage complet des forces iraniennes présentes dans la région. Les frappes aériennes visant les forces iraniennes en Syrie en sont la preuve. Dans ce contexte, il existe une politique qui consiste à maintenir ces attaques contre l’Iran ou à l’intimider. »

M. Berwarî a résumé ainsi les objectifs du plan :

« Je crois que ce plan et cette guerre ont plusieurs objectifs.

Premièrement : affaiblir militairement les forces du mouvement de libération kurde au Rojava, à Shengal et au Sud-Kurdistan.

Deuxièmement : Une attaque globale sur Shengal pour éliminer le pouvoir du peuple, asservir à nouveau la population de Shengal, voire éliminer complètement la communauté Yézidie par un massacre sans fin.

Troisièmement : séparer à jamais le Rojava et le Sud-Kurdistan.

Quatrièmement : créer une zone tampon sous la domination de la Turquie et de l’Irak, allant de la frontière avec la Turquie à celle avec la Jordanie.

Cinquièmement : couper complètement la connexion de l’Irak et de la Syrie avec l’Iran.

Sixièmement : écraser la volonté et les espoirs kurdes d’unité nationale dans le sud-Kurdistan et, par conséquent, créer une crise jusqu’aux prochaines élections.

Septièmement : affaiblir les forces iraniennes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, et éliminer l’influence iranienne dans les zones stratégiques en Syrie. »

Berwarî a poursuivi : « L’Iran a deux options, soit entrer dans cette guerre et montrer sa force à tous ses ennemis, soit se défendre passivement contre les attaques afin de se présenter comme une victime aux yeux de l’opinion publique mondiale. Il semble que l’Iran ne soutienne pas cette guerre et ne veuille pas y participer. »

L’unité nationale est le seul moyen d’éviter le danger

Déclarant que l’unité des Kurdes est devenue indispensable et que ceux qui ne rejoignent pas cette unité doivent être exclus, Berwarî a ajouté : « Cela signifie que ceux qui ne rejoignent pas cette unité ont déjà accepté d’être vaincus et éliminés à la fois par les Kurdes et leurs amis. Aucune force kurde ne devrait être incluse dans ce plan. Donc, quelle que soit la façon dont on le voit, prendre le parti anti-kurde de la guerre qui sera déclenchée par ce plan ne peut que nuire aux Kurdes. »

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