Karayılan: « Un processus important pour l'avenir des Kurdes »
Murat Karayilan, membre du Conseil exécutif du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)

Dans un discours diffusé sur la chaîne de télévision kurde Stêrk TV, Murat Karayılan, membre du Comité exécutif du PKK, a parlé de l’importance du processus actuel pour l’avenir des Kurdes. 

Nous en retranscrivons ci-dessous un extrait :

La période que nous vivons actuellement n’est pas une période ordinaire. Nous traversons un processus important, nous devons donc évaluer et gérer ce processus en conséquence. Comme on le sait, il y a une guerre dans notre région depuis des années. Cette guerre vise à repenser la région. De nombreuses forces souhaitent désormais renforcer leurs positions dans la région. Les puissances autant internationales que régionales s’efforcent de peser de tout leur poids dans la refonte de la région et protéger leurs intérêts.

Tous les États et puissances dépensent actuellement leur énergie dans cet effort. Le peuple kurde est l’un des peuples les plus anciens de ces terres. Cependant, comme chacun le sait, le traité signé il y a 100 ans n’incluait pas le peuple kurde [dans le façonnement de la région]. Les Kurdes n’ont pas été reconnus comme une nation et leur existence a été ignorée. Ainsi, ils n’avaient pas le droit de créer un État et de disposer d’eux-mêmes. Maintenant, nous devons participer à la refonte de la région. Nous devons avoir un statut. Par conséquent, les Kurdes doivent être unis et avoir une stratégie nationale commune.

Importance de l’unité nationale

Il y a beaucoup de partis différents dans les 4 parties du Kurdistan. Bien sûr, chacun a le droit d’avoir des opinions différentes, mais nous devons avoir une stratégie commune. Sinon, nous serons encore privés de patrie. Si les Kurdes ne sont pas inclus dans la reconfiguration de la région, cette fois, la politique de destruction menée contre le peuple kurde atteindra son objectif. Nous traversons un processus important pour l’avenir du peuple kurde.

Aucune des forces qui occupent le Kurdistan ne veut que le peuple kurde ait un statut. À cet égard, la politique actuelle de l’État turc est particulièrement dangereuse pour l’avenir du peuple kurde. De toute évidence, cette politique menée par l’État turc est également dangereuse pour le peuple arabe, car la Turquie veut occuper toutes les terres avec l’ancienne mentalité ottomane. Cependant, la Turquie représente un danger beaucoup plus grand pour nous, les Kurdes. Pourquoi ? Parce que l’objectif de l’État turc est de se renforcer en détruisant les Kurdes. En d’autres termes, il considère l’existence et la reconnaissance des Kurdes comme un danger pour lui.

Les partis du Sud-Kurdistan mènent toujours une politique tactique

L’État turc met désormais en œuvre sa stratégie. On ne peut pas dire qu’il considère le PKK comme dangereux, mais pas le PDK (Parti démocratique du Kurdistan) ou l’UPK (Union patriotique du Kurdistan). C’est juste une tactique. Il y a quelques jours, le porte-parole du président turc, Ibrahim Kalin, a déclaré à propos du Rojava : “Ils essaient d’établir une place pour les Kurdes là-bas, nous n’accepterons jamais cela”. Il veut dire donc que les États-Unis et la France ne doivent pas aider les forces [kurdes] là-bas. L’État turc considère tous les Kurdes et la société kurde dans son ensemble comme un danger.

Lorsqu’on observe les approches politiques des Kurdes face à cette réalité, nous constatons que le Sud-Kurdistan en particulier n’a pas une lecture correcte de la mentalité d’invasion de l’État turc. Il y là une approche erronée. C’est pourquoi, nous nous trouvons actuellement dans une phase stratégique. Par conséquent, il est nécessaire d’avoir une approche stratégique. Cependant, le PDK en particulier et l’UPK continuent à mener des politiques tactiques.

Si la politique actuellement menée au Sud-Kurdistan ne change pas, elle sera dangereuse, non pas seulement pour une partie du Kurdistan, mais pour l’ensemble du peuple kurde. Nous devons nous prémunir contre cette situation. Par exemple, les responsables du PDK ont tort de penser qu’ils seront plus forts si le PKK, voire l’UPK, s’affaiblit. Parce que, si le PKK est vaincu, ce sera le tour du PDK.

Lorsque nous considérons l’alliance stratégique au sein l’État turc, à savoir la coalition entre l’AKP, le MHP (parti d’extrême droite connu sous le nom de Loups gris), le parti Vatan et Ergenekon, la situation devient plus claire. Le statut du Sud-Kurdistan est autant dans le collimateur de la Turquie que le PKK, car la Turquie veut être un État impérial dans la région.

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