Le 5 juin 2013, Clément Méric tombe sous les coups de militants d’extrême-droite dans le 9ème arrondissement de Paris.

Manifestation à Paris en hommage à Clément Méric

Étudiant, membre du syndicat Solidaires étudiant-e-s, militant anti-fasciste, Clément Méric est le lendemain déclaré mort à l’hôpital. Ses assaillants sont membres du groupuscule d’extrême-droite des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires, proches de Serge Ayoub et son groupe Troisième Voie (depuis dissous par l’État français). L’un d’entre-eux, celui qui est présumé avoir frappé mortellement Clément Méric à l’aide d’un poing américain, portait la devise pétainiste « Travail-Famille-Patrie » tatouée sur le bras. Il l’a faîte recouvrir pendant l’été, à l’approche du procès. En effet, si de multiples pièces du dossier d’instruction prouvent la proximité entre les trois accusés et les milieux d’extrême-droite les plus haineux, leur défense semble s’orienter vers la construction d’un profil de « repentis » qui regretteraient leurs actes et se seraient transformés en citoyens modèles. « Nous voulons un Hitler français » en slogan sur une photo retrouvée dans un disque dur, « Sang et honneur », la devise nazie comme tatouage… cela risque d’être difficile de convaincre les jurés.

A la suite d’un triple-assassinat en plein Paris

La mort de Clément Méric a lieu 5 mois après l’assassinat, à quelques kilomètres de là, dans le 10ème arrondissement, des trois militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez (H.Sara, Rojbîn, Ronahî). Leur assassinat, perpétué directement sous ordre du MIT (les services de renseignement turcs), a été reconnu comme crime d’État par le Tribunal Permanent des Peuples le 24 mai 2018 au parlement européen de Bruxelles. Malgré cela, l’affaire n’a toujours pas été jugée formellement par la justice française, le dossier ayant été repris par la SDAT (Sous-Direction Anti-Terroriste) après le décès à l’hôpital de l’assassin présumé, Ömer Güney, en décembre 2016.

Manifestation à Paris en commémoration de l’assassinat de Sara, Rojbin et Ronahî

C’est donc quatre militant.e.s progressistes qui ont été assassinées en quelque mois à Paris. Si les deux situations résultent de contextes politiques très différents – d’un côté nous avons affaire à l’appareil meurtrier d’un État turc fasciste refusant leurs droits fondamentaux au peuple kurde, de l’autre à de jeunes militants néo-nazis français, le fond du conflit politique reste le même : une vision fasciste, nationaliste et patriarcale du monde contre une approche militante prônant la coexistence entre les peuples, la libération des femmes, l’organisation démocratique de la société en dehors des structures de l’État et du capitalisme. Cela avait été souligné à plusieurs occasions par les membres du mouvement des femmes kurdes qui avaient participé aux manifestations en hommage à Clément Méric.

« L’extrême-droite tue, faisons son procès »

Le procès qui a lieu depuis ce matin est donc un procès politique. Sur les trois militants d’extrême-droite, deux comparaissent pour « violences volontaires en réunion et avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner » et risquent une peine de vingt ans de prison. Le troisième sera jugé pour « violences aggravées ».

Ce procès fait aussi écho à celui des assassins de Brahim Bouarram, un homme de nationalité  marocaine jeté dans la Seine en 1995 en marge d’un défilé du Front National. Son principal agresseur avait alors été jugé coupable de meurtre et le caractère raciste de celui-ci reconnu.

Le Comité pour Clément, constitué des proches et camarades de Clément Méric, appelle, tout au long des dix jours pendants lesquels va durer le procès, à plusieurs rassemblements, sous le slogan « L’extrême droite tue, faisons son procès ». Dans un communiqué, ils et elles affirment attendre du procès « que la vérité soit dite publiquement sur les circonstances de la mort de Clément et que la dimension politique de ce crime soit clairement mise en évidence » et voient aussi en celui-ci « l’occasion de déconstruire le schéma que certains discours tentent d’imposer, renvoyant dos à dos extrême gauche et extrême droite ». Si c’est le cas, cela présagera peut-être la tenue d’un procès mettant en cause l’État turc pour l’assassinat de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez. 

Le premier rassemblement appelé par les camarades de Clément Méric aura lieu ce soir. Le 14 septembre, dernier jour du procès, une manifestation unitaire est appelée au départ de la place de la République.

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