Ce qu'a dit Öcalan lors de la visite de son frère?
Manifestation pour la libération d'Abdullah Ocalan, le 16 février 2019 à Strasbourg. Photo : Christian Laemmel

Mehmet Ocalan a parlé à l’Agence de presse Mésopotamie (MA) de sa rencontre avec son frère, le leader kurde Abdullah Öcalan. 

Mehmet Ocalan a indiqué que, lors d’un entretien d’une heure avec son frère, ils avaient parlé notamment des évolutions au Moyen-Orient, de la situation récente à Shengal, de la politique en Turquie et des grèves de la faim. 

« C’EST LA PREMIÈRE FOIS QUE JE SUIS PASSÉ PAR AUTANT DE CONTRÔLES » 

Indiquant avoir passé plusieurs points de contrôle, avant de voir son frère, Mehmet Öcalan a déclaré : «Cela fait 20 ans que je visite l’île d’Imrali. C’est la première fois que je suis soumis à de telles fouilles. J’ai été très affecté, c’était inacceptable. Après avoir passé le premier point de contrôle, nous en avons passé 5 autres avant de pouvoir entrer dans la prison. Les familles des autres prisonniers d’Imrali étaient également présentes. Nous avons été séparés en deux groupes. Dans la premier groupe, se trouvaient la soeur de Veysi Aktas et le frère d’Ömer Hayri Konar. Dans le second, moi-même et la famille de Hamili Yildirim. Alors que les autres familles ont rencontré les détenus dans des pièces séparées, notre entretien a eu lieu dans hall ». 

MESSAGE À LA POPULATION DE SHENGAL: « ELLE DOIT CONTINUER À BÂTIR LA VIE LIBRE » 

Concernant Shengal, Mehmet Öcalan a indiqué que son frère avait tenu les propos suivant : « De Shengal à Raqqa, les Yézidis ont été massacrés dans une vaste région. Mais nous avons éliminé les forces qui ont perpétré les massacres dans ces régions et avons vengé les Yézidis. Pour cela, nous sommes heureux. Je voudrais assurer la population de Shengal de mon estime et de mon respect infinis. Elle ne doit plus s’inquiéter, elle doit continuer à bâtir la vie libre. » 

« La population du nord de la Syrie doit lutter davantage » 

Mehmet Öcalan a également rapporté des propos d’Abdullah Öcalan concernant le Nord de la Syrie : 

« La population du Nord de la Syrie doit lutter davantage pour ses libertés. Mais elle doit le faire avec tous les peuples de Syrie. Pour l’unité de la Syrie, tous les peuples doivent construire la vie commune ensemble. S’ils peuvent y arriver, personne ne pourra y mettre fin. » 

« IL FAUT DEVELOPPER DES ACTIONS POPULAIRES » 

Abdullah Öcalan a déclaré à Mehmet Öcalan ce qui suit au sujet des grèves de la faim: 

« Les grèves de la faim sont un moyen de protestation, mais on ne doit y avoir recours que dans une certaine mesure. Après un certain temps, elle laissent des séquelles chez les personnes engagées. À partir d’aujourd’hui, il faut développer des actions populaires plus démocratiques. » 

« DE NOUVELLES MÉTHODES SONT NÉCESSAIRES » 

Le frère du leader kurde a confié que celui-ci avait critiqué les politiques turque et kurde : 

« Il a souligné que le pays traversait une période de blocage absolu et que personne ne pouvait obtenir de résultats avec des politiques d’anéantissement et de guerre. Selon lui, l’Etat turc  ne peut obtenir de résultats avec cette politique. C’est pourquoi, il a besoin de nouvelles méthodes. L’Etat et le PKK doivent, d’après lui, développer de nouvelles méthodes pour trouver une solution. Il a également déclaré: ‘Aucune solution ne peut être trouvée avec des morts. Il faut mettre au point des méthodes qui se concentrent sur une solution et qui conduiront à une paix digne. Il ne peut y avoir de solution à travers des politiques d’annihilation’. » 

MESSAGE DE CONDOLENCES 

Mehmet Öcalan a rapporté par ailleurs que le leader kurde avait exprimé sa profonde tristesse face à la mort des prisonniers et prisonnières qui ont mis fin à leur vie durant les grèves de la faim pour protester contre l’isolement. Il a ajouté que M. Ocalan avait adressé ses condoléances aux familles de chacune des personnes ayant perdu la vie de la sorte et qu’il avait souligné ne pas vouloir que de telles morts se reproduisent. 

CEUX QUI SONT A L’EXTÉRIEUR [DES PRISONS] DOIVENT EXPLOITER LES MOYENS A LEUR DISPOSITION 

« Ces morts ont fait beaucoup de tort aux familles concernées et à moi-même. Les grèves de la faim peuvent être un outil politique jusqu’à un certain point, mais pas indéfiniment. 8 amis ont mis fin à leur vie. Des grèves de la faim ont eu lieu en Europe et dans le sud du Kurdistan, ainsi que dans les prisons en Turquie. Les prisonniers sont déjà entre quatre murs, ils ne peuvent pas faire de politique. Ils vivent déjà dans des conditions difficiles. Ceux à l’extérieur [des prisons] ont beaucoup plus d’opportunités, ils peuvent développer beaucoup plus de méthodes. Ils doivent s’organiser, se renforcer et développer leur opposition démocratique. Ce serait une meilleure méthode. » 

SI ON NOUS EN DONNE LA POSSIBILITÉ, NOUS POUVONS TROUVER UNE ISSUE A L’IMPASSE 

Indiquant qu’Öcalan avait critiqué à la fois l’Etat et les structures démocratiques pour l’impasse dans laquelle se trouvait la question kurde, Mehmet Ocalan a confié que son frère avait déclaré pouvoir y remédier s’il en avait l’opportunité. « le problème ne sera pas résolu par la guerre et la mort », a-t-il dit, rapportant l’expression employée par le leader kurde. 

A sa question de savoir si les visites à Imrali se poursuivraient ou non, Öcalan aurait répondu ceci:  « Je ne peux pas affirmer que les canaux de communication soient complètement ouverts, ni qu’ils soient fermés. Nous devons attendre. Si ces canaux s’ouvrent complètement, ce sera une bonne chose pour tous. S’ils  se ferment, cela entraînera la destruction pour tous. » 

« NOUS N’AVONS PAS PARLÉ DES ÉLECTIONS » 

Mehmet Ocalan a indiqué que son frère n’avait pas du tout abordé les élections qui seront à nouveau organisées à Istanbul et que, pour finir, il avait souhaité une bonne fête de l’Aïd à tout le monde. 

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