Enlevée en juin 2019 par les forces d’occupation à Afrin, avec sa fille de trois ans, une femme raconte son année de captivité sous la torture.

Enlevée en juin 2019 par les forces d’occupation à Afrin, avec sa fille de trois ans, une femme raconte son année de captivité sous la torture.

Presque tous les jours, des habitants d’Afrin sont enlevés par des milices pro-turques ou par l’armée turque elle-même, dans cette région occupée par la Turquie depuis 2018. L’école de commerce d’Afrin a été transformée en centre de torture. Des centaines de personnes, principalement des femmes, y ont été séquestrées.

L’une de ces femmes est E.A. Elle et sa fille de trois ans ont été libérées il y a une semaine contre une rançon, après un an de captivité. Son enlèvement le 23 juin 2019, avec sa fille, a suivi celui de son mari accusé d’avoir des liens avec le gouvernement local. Elle-même était accusée d’avoir des liens avec les forces de défense du Rojava (YPG-YPJ).

Le père d’E.A. ayant finalement réussi à rassembler la rançon requise de 17 millions de livres syriennes, la mère et la fille ont été libérées récemment. E.A. et sa famille sont ensuite parties se réfugier dans la région libre de Shehba. Son mari, cependant, est toujours porté disparu.

La jeune femme de 27 ans a parlé à l’agence de presse kurde ANHA de cette année de captivité sous la torture.

Les mercenaires nous ont enlevées chez nous, sans que l’on sache pourquoi. Ils nous ont emmenées à l’école de commerce. Là, ils m’ont battue avec un tuyau d’eau. Ils m’ont insultée. Ils disaient que j’avais des liens avec les YPG et que je devais leur donner des informations.

“Il a menacé de tuer ma fille”

Un des miliciens qui m’interrogeait sous la torture s’appelait Abu Haydar. Il n’arrêtait pas de dire que je faisais partie des YPG et me demandait des informations. Quand j’ai dit que je n’avais rien à voir avec ça et que je ne donnerais aucune information, il a menacé de tuer ma fille ou de lui donner de la drogue.

Forcée à regarder la torture

Abu Haydar m’a constamment menacée. Il a menacé de tuer ma fille, de me violer, de prendre des photos et de les distribuer à tout le monde. Il m’a forcée à regarder la torture cruelle que subissaient les autres femmes. Elles étaient torturées avec des décharges électriques et avec des coups de tuyaux. Je suis tombée malade rien qu’à la vue de cette torture atroce.

Droguées pour faire oublier la torture

Les endroits où nous étions détenus étaient très sales. C’est pourquoi, les maladies se propageaient. Nous ne recevions aucun soin. Les femmes enceintes étaient forcées d’accoucher dans ces conditions. Et les nouveau-nés n’avaient ni lait, ni vêtements.

Pour faire oublier aux femmes les sévices qu’elles avaient subies et les empêcher d’en parler, on leur administrait des drogues sous forme d’injection ou de comprimés. Plusieurs femmes en sont tombées gravement malades.            

Beaucoup de femmes sont mortes des suites de la torture ; celles qui ont survécu souffrent de traumatismes graves.”

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