Avec Sakine Cansiz et Fidan Dogan, la jeune militante kurde Leyla Saylemez figure en tête des « 100 raisons pour juger le dictateur Erdogan ».
La militante kurde Leyla Saylemez a été assassinée à Paris, le 9 janvier 2013, par un agent du MIT

Avec Sakine Cansiz et Fidan Dogan, la jeune militante kurde Leyla Saylemez figure en tête des « 100 raisons pour juger le dictateur Erdogan », une campagne lancée par le Mouvement des Femmes kurdes en Europe (TJK-E) à l’occasion de la journée internationale des violences faites aux femmes, le 25 novembre dernier.

L’objectif de la campagne, telle que présentée par le TJK-E, est de recueillir 100 000 signatures jusqu’au 8 mars, mais aussi de « partager des histoires de femmes assassinées, d’agir et de créer des alliances contre le féminicide et le fascisme. » L’organisation des femmes kurdes se propose ainsi d’être « la voix des femmes assassinées face au dictateur qui ne cesse de commettre des massacres chaque jour. »

Sur le site internet consacré à la campagne, sont recensés 100 des crimes commis par le régime d’Erdogan à l’encontre des femmes. Nous publions ici le troisième article consacré à la jeune activiste Leyla Saylemez, exécutée à Paris le 9 janvier 2013, en même temps que ses camarades de lutte Sakine Cansiz, 54 ans, figure de proue du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), et Fidan Dogan, 30 ans, responsable du Centre d’Information du Kurdistan (CIK). Ces crimes commandités par les services de renseignement turcs (MIT) demeurent, à ce jour, impunis. Pour dénoncer l’impunité et demander que justice soit faite, le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) a lancé un appel à manifester à l’occasion des huit ans du triple assassinat, le 9 janvier prochain, non seulement dans la capitale, mais aussi dans plusieurs grandes villes de l’hexagone.

Leyla a eu 24 ans quelques jours avant son décès le 9 janvier 2013. La famille de Leyla est originaire de Lice, dans la province Diyarbakır, au Nord-Kurdistan. Elle a dû quitter son village en raison de la répression étatique et s’installer à Mersin, comme des milliers de familles kurdes. Plus tard, dans les années 1990, la famille s’est réfugiée en Allemagne où elle a vécu dans la ville de Halle. La vie de Leyla en exil a commencé à l’âge de 8 ans.

La jeune femme s’est engagée très tôt dans le mouvement kurde. Elle a mené un travail de sensibilisation auprès des jeunes femmes dans différentes villes d’Europe. Au moment de son décès, elle était représentante du mouvement des jeunes femmes kurdes en France.

Le 9 janvier 2013, les militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez ont été exécutées de plusieurs balles dans la tête dans les locaux du CIK, au 147 rue La Fayette. L’enquête menée en France a révélé de nombreux indices selon lesquels le meurtrier présumé Ömer Güney, arrêté quelques jours après le crime, avait agi pour le compte des services secrets turcs (MIT), comme le confirme l’acte d’accusation : « De nombreux éléments de la procédure permettent de suspecter l’implication du MIT dans l’instigation et la préparation des assassinats. »

Bien qu’Ömer Güney ait été identifié par les autorités françaises comme la personne recrutée pour appuyer sur la gâchette, il semble qu’aucun effort n’ait été entrepris par la France pour faire la lumière sur l’arrière-plan de ces crimes politiques. Le meurtrier a été déclaré « mort en prison ». Les autorités françaises ont ainsi tenté de dissimuler des assassinats politiques de haut niveau. Cependant, pour un sens de la justice significatif, il ne suffit pas de révéler simplement l’auteur du massacre ; les forces qui ont commandité et planifié ce crime doivent également être identifiées.

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