Figen Yüksekdağ, à Paris, le 9 janvier  2015, lors d'un rassemblement en hommage à Sakine Cansiz, Fidan Dogan (Rojbîn) et Leyla Saylemez  froidement exécutées à Paris le 9 janvier 2013

La 7ème audience du procès de Figen Yüksekdağ, ancienne co-présidente du Parti démocratique des Peuples (HDP), s’est tenue au palais de justice de la prison de Sincan. Dans sa défense, elle a nié les accusations portées contre elle: “je suis une otage jetée en prison mais je suis très fière du combat que j’ai mené”.

Hommage à Ibrahim Ayhan

Figen Yüksekdağ a commencé son intervention en rendant hommage à l’ancien député de Şanlıurfa, Ibrahim Ayhan, décédé en exil à Erbil (Hewler) d’une crise cardiaque à l’âge de 50 ans. Il était père de 2 enfants. Après une carrière d’enseignant où il militait au sein de la très forte organisation syndicale d’enseignants, Egitim-Sen, ce qui lui a valu d’être exilé, durant dix ans, à plus de 1 000 km, près de la Mer Noire, il entra, à son retour, en politique et fut élu président de la section régionale du DTP/BDP. Interpellé le 1er octobre 2010 et incarcéré, il ne fut libéré qu’après cinq années de détention. Ses funérailles eurent lieu le 24 de ce mois sous hautes protections dans sa ville natale de Siverek, tristement célèbre pour être le fief de Sedat Bucak, ancien député du DYP (parti de Mme Çiller), compromis avec la mafia et les services secrets turcs, et grand fournisseur des “gardiens de villages”, supplétifs de l’armée turque chargés des “basses besognes”. Le co-président du HDP, Sezai Temelli, l’ancien maire de Mardin, Ahmet Türk, les députés du HDP, Sırrı Süreyya Önder et Pervin Buldan, ont entouré de leur affection la famille et les nombreux amis d’Ibrahim Ayhan. Tous ont souligné le combat qu’il a mené toute sa vie pour la démocratisation de la Turquie.

“Nous sommes des otages”

Figen Yüksekdağ a, lors de cette audience, dénoncé la situation de la députée du HDP de Hakkari, Leyla Güven, toujours en détention. Elle aurait dû jouir de l’immunité parlementaire, le soir de son élection, le 24 juin 2018 et être immédiatement remise en liberté. “Nous sommes des otages“, a-t-elle martelé. “Nous sommes l’Histoire, nous sommes la Vérité, nous sommes la Résistance, nous continuerons d’être la voix de toutes les personnes honnêtes de ce pays“.

Figen Yüksekdağ a réfuté les accusations portées contre le DTK (Congrès de la société démocratique), en ironisant : “Si vous voulez enquêter sur le DTK, cette organisation de masse démocratique, les salles d’audience de ce pays ne seront pas assez grandes. Qu’allez-vous faire de ces centaines de milliers de personnes que le DTK rassemble?”

Et d’ajouter : “La société turque est victime d’une politique despotique. Nous nous battrons contre cette politique, que ce soit en prison ou dans la rue, pour faire respecter les institutions démocratiques de ce pays. J’ai participé à tous les travaux du DTK et j’en suis fière. Je suis honorée d’avoir travaillé avec le DTK“.

André Métayer

1 COMMENTAIRE

Laisser un commentaire