L’histoire commence avec les accords Sykes-Picot et le partage du Moyen-Orient en zone d’influence. La France prend position au Levant avec un mandat pour le Liban et la Syrie. Les accords de Lausanne entérineront un Kurdistan partagé dans quatre pays hostile. Commence un nouveau calvaire pour le peuple kurde.

Mais s’il fallait reconnaître un pays où le calvaire fut plus facile à supporté à ses débuts, c’est sous le mandat français en Syrie. Dès 1923, la Turquie d’Ataturk interdit la langue et les associations kurdes et réprime violemment les révoltes qui s’en suivent. En Irak, les anglais vont soutenir la majorité arabe dans la répression féroce qui s’abat sur les kurdes de ce pays. En Iran, les nationalistes perses vont commencer leur œuvre d’assimilation forcé. Mais en Syrie, les français vont s’appuyer sur les tribus kurdes pour protéger les frontières Nord de la Syrie contre les incursions des nationalistes turcs.

Le pouvoir mandataire Français en Syrie a cherché des appuis pour garder le contrôle du territoire et, contrairement aux anglais, il ne s’appuiera pas sur des forces arabes mais sur les minorités ethniques et religieuses. La France s’était donnée un rôle la protection des chrétiens d’orient qu’elle va favorisé en Syrie ainsi que d’autres minorités persécutés sous les ottomans, comme les alaouites. Au fil de l’extension du territoire mandataire, les kurdes, eux aussi oppressé par les ottomans, vont devenir un atout dans les avancées françaises dans le nord syrien.

Les chefs de tribus kurdes vont soutenir les efforts français en Syrie de peur d’une invasion des forces kémalistes kurdophobe. Le mouvement de soutien s’accélère après 1923 avec la trahison d’Ataturk qui avait promis un État « turco-kurde ». C’est le cas de la tribu des Millis. Elle sera chargé de levée les troupes et de maintenir l’ordre sur la vallée de l’Euphrate. Elle avait pour chef lieu Raqqa. L’occupation des zones kurdes est loin d’être de tout repos, plusieurs révoltes éclatent sous l’occupation française dont une particulièrement importante en 1937. Il n’empêche, la région à majorité kurde et syriaque de Djéziré fut l’une des dernières provinces de Syrie en 1945 a tombé sous le contrôle du bloc nationaliste. Les nationalistes arabes ne vont pas hésiter à mettre à sac les commerces des chrétiens syriaques et des kurdes. La France est totalement expulsé de son territoire mandataire au levant. La Syrie va se retrouver dans le giron d’autres puissances internationales.

Au début du conflit syrien en 2011, la politique de la France est de soutenir des forces arabes et islamistes contre le régime syrien à contrario de sa politique historique dans la région. Aujourd’hui, la politique du gouvernement français s’est ajusté en Syrie notamment en soutenant les forces démocratiques syriennes (FDS) contre Daech. Bien que le soutien soit encore insuffisant, notamment en fourniture d’arme lourde, elle est le deuxième fournisseur international en matériel militaire de cette force à majorité kurde avec une composante arabe et syriaque, qui combat aujourd’hui Daech à Raqqa. Les FDS veulent prolonger leur engagement aux cotés des puissances internationales comme la récemment déclaré leur porte parole, Talal Silo. Que fera la France après Daech ? Quelle politique la France va-t-elle conduire en Syrie ? Espérons qu’elle coopère avec les autorités du Rojava multiethniques et multiconfessionnelles, démocratique et féministe pour un avenir meilleur pour tout les peuples de Syrie et du Moyen-Orient.

Par Raphaël Lebrujah

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