L’éloignement géographique et les cultures très différentes pourraient nous faire croire que peu d’éléments rapprochent le peuple kurde de ceux de France. Pourtant, nous avons comme intérêts commun de nous défendre contre la barbarie de Daesh. Aujourd’hui, Daesh a de plus en plus de mal à faire passer ses partisans de la Syrie vers l’Europe. C’est grâce à la prise de Manbij par les FDS (Forces Démocratiques Syriennes) multi-ethniques et multiconfessionnelles à majorité kurde que la connexion entre la frontière turque et Daesh a été coupée. Empêchant du même coup les djihadistes de Daesh de venir en Europe.

            L’Etat turc est également un problème commun. Il organise un blocus contre le Rojava et le prive de ses besoins élémentaires comme l’accès à la nourriture, aux médicaments et autres denrées essentielles. En France, L’Etat turc laisse des djihadistes passer parmi les migrants pour provoquer des attentats en Europe et faire pression sur les Etats européens. Dans le même temps, la société française Eutelsat, dont l’Etat français est l’actionnaire majoritaire, mène une guerre contre les chaînes de télévision kurdes passant par ses satellites. Certaines chaînes kurdes ont été fermées, d’autres résistent encore. Cela s’est fait illégalement et sur demande de la Turquie. Mais les ingérences turques dans la politique française ne s’arrêtent pas là et ne ciblent pas que les kurdes mais aussi la population française.

            Aux dernières élections législatives, le PEJ (Parti égalité et justice) s’est présenté dans plusieurs dizaines de circonscriptions. Ce parti est directement piloté par les islamistes turcs et leur chef Erdogan, président de la Turquie. Peut-être plus inquiétant encore, c’est un représentant de l’islam turc qui a pris la tête du Conseil français du culte musulman (CFCM). Peut-on se sentir en sécurité et protégé des djihadistes quand le chef du culte musulman de France est proche d’un pays qui fournit en armes, en munitions et finance les terroristes d’Al-Qaïda et de Daesh?

            Une mobilisation commune est aussi importante pour protéger l’expérience démocratique du Kurdistan du Rojava, situé en Syrie. Le Rojava porte des valeurs de fraternités entre les peuples, de démocratie, de féminisme et d’écologie dans un Moyen-Orient rongés par les guerres ethniques et confessionnelles sous la férule de dictatures plus horribles les unes que les autres. Nous mobiliser pour le Rojava c’est aussi défendre ces valeurs chez nous et nous protéger des djihadistes.

            Il nous paraît important de nous unir pour combattre un ennemi commun mais aussi pour défendre un projet social et démocratique. Il paraît important de réfléchir ensemble sur leur système politique et d’apprendre à le connaître comme nous le faisons dans le groupe initiative pour un confédéralisme démocratique. Échanger nos visions ne peut qu’enrichir et alimenter la réflexion commune pour un monde émancipé des oppressions.

Par Raphaël Lebrujah

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